Rechercher
Rechercher

Culture - Accrochage

Saveurs et arômes pour la palette de Mireille Goguikian

Non, ce n'est pas un jardin odoriférant ni des plats succulents que propose la palette de Mireille Goguikian, qui expose aux cimaises de la galerie Hamaskaïne (Bourj Hammoud), mais une promenade aux couleurs panachées à travers une quarantaine de toiles (huiles, pastels et mixed média), toutes dimensions confondues, sous le savoureux titre de « Myrrhe, myrtille et vanille ».

Mireille Goguikian et sa quête du chant des couleurs.

Un monde bariolé, frais, souriant et regorgeant de vie, entre saveurs gardées et arômes captés, jaillit du pinceau de Mireille Goguikian. Voilà une artiste qui poursuit inlassablement et sans état d'âme sa quête du chant des couleurs et de l'harmonie des formes. Une combinaison astucieuse qui réussit bien à son chevalet et à ses accessoires pour une voix, un style, une personnalité où la peinture est sensibilité et vibrations.
Entre abstractions et contours figuratifs surgit un monde enchanteur, pétillant comme de longs confettis qu'on déroule joyeusement, amusant dans sa naïve innocence comme un jeu d'enfant. Un monde qui se construit comme à travers de mobiles éléments legos et boîte d'allumettes renversées, avec des espaces finement architecturés, des pointillés délicats en guise de fenêtres sur l'univers, tout en n'oubliant jamais un certain sens du ludique, de la rêverie, de l'évasion et de l'emprise de l'imagination, somme toute ici d'une liberté bien vagabonde et fantaisiste.
À grands aplats de couleurs soigneusement lissées ou dextrement lardées de coups de couteau, la peinture s'étale en grandes ou minces nappes sonores, retentissantes, éclatantes. Avec des rouges carmin, baccarat et flamboyants, des jaunes paille, rouille et soleil, des bleu ciel, des bleus Klein et indigo qui ne craignent ni la proximité des oranges grenats (discret hommage à la mère patrie, l'Arménie), ni les frémissants miroitements turquoises aux abords de la phosphorescence, ni le blanc froidement laiteux de la neige métissée de pointes de marron brûlé, de tonalités d'écorce de noix noircie ou des taches chaudement brunâtres comme une terre fraîchement
retournée.
Pour cette extravagante et riche palette aux chromatismes changeants et d'une tendresse toute féminine, des paysages estompés, suggérés, presque sucrés, soutenus par le rêve et l'imagination, comme autant d'espaces où l'on n'accède que difficilement, autant de pays où l'on n'arrive jamais et où on n'entre surtout pas impunément.
Sous son bouillonnant et foisonnant fuseau de couleurs, la ville ou les villages accrochés aux flancs d'une montagne (ses thèmes de prédilection) ont des profils étranges et lointains, perceptibles et surréels, universels et levantins, florentins et méridionaux, solidement charpentés et d'une fragilité de châteaux de cartes.
Comme un pan de ciel entrouvert qui cimente tout paysage, voilà la proximité de la mer, de ses vagues, de ses frêles embarcations flottant au gré de l'eau... Ces marines chargées d'embrun, habitées de tranquilles solitudes, bercées par le vent ou débordantes d'un soleil de plomb restent une ritournelle, une vraie chanson de bord de mer que l'on entend ici avec insistance, mais toujours sur un tempo doux et feutré.
L'esprit des forêts n'est pas en reste de ces paysages de thyms, de lauriers et de romarins, car la lune ou l'astre d'or se partagent une inspiration qui n'entre jamais dans les sous-bois, mais flotte au haut des frondaisons. Un peu cavalièrement, il est vrai, mais toujours avec élégance, sentiment et poésie.
Et puis brusquement surgissent une abbaye, des «mandalouns», des arcades, un chapelet de fenêtres aux volets accueillants, mais mystérieux (clos ou ouverts, allez donc savoir!) et une fois de plus l'artiste, habile dans son alchimique contrefaçon de l'environnement, réinvente la nature, la ville, la vie.
Un monde bariolé, frais, souriant et regorgeant de vie, entre saveurs gardées et arômes captés, jaillit du pinceau de Mireille Goguikian. Voilà une artiste qui poursuit inlassablement et sans état d'âme sa quête du chant des couleurs et de l'harmonie des formes. Une combinaison astucieuse qui réussit bien à son chevalet et à ses accessoires pour une voix, un style, une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut