Carnage en plein cœur de Marrakech

Un attentat attribué à un kamikaze par un officiel marocain a fait au moins 15 tués dont onze étrangers hier à Marrakech, dans un café de la place Jamâa el-Fna. La télévision publique marocaine a précisé que parmi les morts figuraient quatre Marocains, six Français et quatre autres étrangers. La déflagration, qui s'est produite à la mi-journée, a fait également une vingtaine de blessés. « Les éléments de l'enquête que nous avons permettent d'affirmer que c'est la thèse de l'attentat qui prévaut », a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur sous le couvert de l'anonymat. Un responsable de la préfecture de Marrakech a précisé à l'AFP que « selon les informations que j'ai, il pourrait s'agir d'un acte perpétré par un kamikaze ». « Nous avons trouvé des clous dans l'un des corps », a-t-il encore indiqué, suggérant que la bombe était composée d'explosif et de morceaux d'acier.
L'attentat a visé le café-restaurant Argana, un lieu très fréquenté par les visiteurs étrangers, sur la place Jamâa el-Fna, épicentre de Marrakech, la grande ville touristique à 350 km au sud de Rabat. Selon la femme d'un serveur, l'explosion s'est produite sur la terrasse du café. Selon un autre client du café, échappé indemne de l'attentat : « Un individu est rentré au café. Il a commandé un jus d'orange et quelques minutes plus tard, il s'est fait exploser. » La façade du café a été soufflée et les tables et les chaises de la terrasse ont été dispersées aux abords de l'établissement. Un important dispositif policier a été mis en place pour procéder à l'évacuation des victimes et pour tenir à distance la foule des badauds qui se sont rapidement agglutinés autour du lieu de l'explosion.
Pour les experts des questions de sécurité, l'opération rappelle d'autres tentatives islamistes déjouées par les forces de l'ordre.
Il s'agit de l'attaque de cette nature la plus meurtrière dans cette monarchie d'Afrique du Nord depuis les attentats de Casablanca menés par des extrémistes islamistes, le 16 mai 2003, qui ont fait 45 morts, dont 12 kamikazes.
Le Maroc, un pays de 32 millions d'habitants dont l'économie est étroitement liée au tourisme, a été relativement épargné par les révoltes qui secouent le monde arabe depuis le début de l'année. Toutefois, des manifestations en faveur de changements démocratiques ont eu lieu dans le pays depuis le 20 février, et le roi Mohammad VI a promis de procéder à d'importantes réformes démocratiques. À la mi-avril, le roi avait gracié de nombreux détenus politiques, dont des islamistes, dans un geste d'apaisement à l'égard des contestataires qui exigent des changements politiques profonds.
(Source : agences)