Des combats secouent depuis plusieurs jours l'Ouest libyen. Plus de 100 personnes avaient été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren, deux villes de cette région pilonnées par les forces loyalistes, selon des habitants de cette région à majorité amazighe (berbère). Selon l'agence officielle libyenne JANA, l'OTAN a mené hier des raids non loin de ces deux villes, dans la région de Gharyan, faisant « des morts et des blessés ». L'agence a également rapporté que l'OTAN a intercepté un pétrolier libyen, ne précisant ni le lieu ni la date de l'incident. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des raids de l'Alliance dans la région de Khellat al-Ferjan, au sud-ouest de Tripoli, ont fait sept morts et 18 blessés parmi les « civils », toujours selon JANA. L'OTAN a fait état hier d'une frappe aérienne « dans la région de Khellat al-Ferjan » qui ciblait un « bunker abritant un centre de commandement et de contrôle au milieu d'une base militaire », mais a souligné qu'elle n'avait « aucune indication de victimes civiles ».
À Tripoli, le régime du colonel Kadhafi s'est dit « attristé » par la mort mercredi de deux journalistes étrangers à Misrata, ville assiégée par ses forces depuis près de deux mois, tout en affirmant que son armée n'en était pas responsable. Le photographe et documentariste britannique Tim Hetherington, 41 ans, qui travaillait pour le magazine américain Vanity Fair, et le photographe américain Chris Hondros, 41 ans, travaillant pour Getty Images, ont été tués par un obus de mortier. Deux autres journalistes ont été blessés. Un tir de mortier a également touché mercredi deux médecins ukrainiens, tuant l'homme et blessant grièvement sa consœur, selon des sources médicales à Misrata. L'Ukraine a enjoint hier à ses centaines de ressortissants en Libye de quitter ce pays.
Par ailleurs, l'état-major français des armées a annoncé que 255 sorties d'avions français avaient été effectuées du 14 au 21 avril dans le cadre des opérations de la coalition, un chiffre « en légère augmentation » par rapport à la semaine précédente. Selon son porte-parole, le colonel Thierry Burkhard, ces opérations ont permis de « neutraliser plusieurs véhicules militaires, dont des blindés, dans les zones de combat de Misrata et d'Ajdabiya », ainsi que des dépôts de munitions dans la région de Syrte.
Le président du Conseil national de transition (CNT, instance dirigeante de la rébellion), Moustapha Abdeljalil, reçu mercredi à Paris, a plaidé pour une « intensification » des frappes, en particulier à Misrata, « où la situation est très grave », selon lui. Il a demandé aux Occidentaux la protection des civils « par n'importe quel moyen », sans réclamer « expressément » l'envoi de troupes au sol, comme l'avait fait mardi l'un des chefs rebelles de Misrata. Si la France a exclu toute intervention au sol, elle a annoncé, tout comme l'Italie et le Royaume-Uni, l'envoi de conseillers militaires. Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour conseiller le CNT. Rome va envoyer 10 instructeurs à Benghazi, fief des insurgés, et Londres « moins de 20 militaires ». Le porte-parole du ministère français de la Défense, Laurent Teisseire, a précisé qu'il s'agissait de « conseils d'ordre essentiellement technique, organisationnel. Il ne s'agit pas d'une mission d'engagement opérationnel ». Le président américain Barack Obama a dit « soutenir » la décision des alliés d'envoyer des conseillers militaires, mais sa secrétaire d'État, Hillary Clinton, a explicitement exclu que les États-Unis en envoient eux-mêmes. Toutefois en soirée, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a annoncé que les États-Unis vont utiliser des drones armés au-dessus de la Libye, estimant qu'il s'agissait là d'une « contribution modeste » aux efforts de la coalition internationale. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que l'envoi de conseillers militaires marquait le début d'une opération « terrestre », un acte « risqué et aux conséquences imprévisibles ». Enfin, le Premier ministre britannique, David Cameron, a souligné auprès du président américain et des chefs de gouvernement italien et du Qatar « l'importance de mettre sous pression militaire et diplomatique constante » Mouammar Kadhafi.
(Source : agences)
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