Une visiteuse agresse les «Deux femmes tahitiennes»
Puis, on suit, à travers ses pinceaux et ses couleurs, le parcours de sa pensée. Sa requête de la spiritualité il l'avait trouvée, en 1889, en Bretagne: Vision du sermon et Le Christ jaune. En 1891, il est tenté par Tahiti et sa culture qu'il pense inaltérée. Déçu par Papeete, il s'enfonce plus loin dans l'île à la recherche d'un environnement plus naturel et commence à peindre le Tahiti de ses rêves: un monde langoureux, de belles femmes, une verdure luxuriante, des fleurs flamboyantes: Le pays des délices, Les mots du diable, Près de la mer, Deux femmes tahitiennes. À noter que ce dernier tableau a provoqué l'indignation d'une visiteuse, qui lui a donné un coup de poing, en guise de «cachez ce sein que je ne saurai voir». Elle s'était écrié, «çà c'est le mal!», et avait été arrêtée de justesse par un gardien, avant de l'endommager. Un minutieux examen au laboratoire a montré que l'oeuvre (propriété du Metropolitan Museum of Art de New York) n'avait subi aucune détérioration.
Retour aux toiles du maître et arrêt sur sa recréation du passé. Notamment, celui de l'ancienne Polynésie qu'il regrette n'avoir pas connue. Alors, il mémorise la mort du dernier roi tahitien, Pomare V. Pour célébrer ce «noble sauvage», il a peint une tête royale dramatiquement posée sur un coussin blanc.
À la fin de sa vie, Gauguin avait voulu rentrer en France. Son ami, Georges-Daniel de Monfreid, lui écrit: «Tu es en ce moment cet artiste extraordinaire et légendaire qui envoie, des profondeurs de l'Océanie, son travail déconcertant et inimitable. Tu jouis de l'immunité des grands morts. Tu appartiens maintenant à l'histoire de l'art.»
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