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Culture - Accrochage

« Gauguin, faiseur de mythes » à la National Gallery of Art

Il y a une vingtaine d'années, la National Gallery of Art à Washington organisait une exposition exaltant l'ampleur de la production de Paul Gauguin. Aujourd'hui, ce même musée dévoile « Gauguin, faiseur de mythes ».

Ève bretonne.

C'est un Gauguin dans ses paradis recherchés, trouvés et perdus. Organisée en collaboration avec la Tate Gallery de Londres, cette exposition regroupe plus de cent huiles, pastels, gravures, dessins, sculptures et objets fonctionnels. Ces œuvres reflètent l'utilisation, par Gauguin (1880-1903), des symboles religieux et mythologiques pour raconter des histoires en réinventant ou s'appropriant des allégories puisées dans son héritage culturel européen et les légendes maoris. La conservatrice de l'exposition à la Tate Gallery, Belinda Thomson, précise: «Gauguin était sincèrement convaincu de sa grandeur artistique. Mais il se plaisait à jouer des jeux, de telle sorte que l'on ne savait pas s'il fallait ou pas le prendre à la lettre.» Dans ce contexte, les œuvres sélectionnées ont été disposées thématiquement. Il y a d'abord la propre galerie d'autoportraits de l'artiste où on le voit tout différent qu'en lui-même. Les traits qu'il s'est mis: un peintre aux prises avec sa toile dans son studio mansardé, une personne persécutée et même un Christ au Jardin des Oliviers et aussi un saint avec halo, tenant un serpent diabolique avec, dans le fond, les pommes de la discorde. Des images suggérant ses contradictions et son désir de poser en artiste héroïque à la recherche de la vérité.

Une visiteuse agresse les «Deux femmes tahitiennes»
Puis, on suit, à travers ses pinceaux et ses couleurs, le parcours de sa pensée. Sa requête de la spiritualité il l'avait trouvée, en 1889, en Bretagne: Vision du sermon et Le Christ jaune. En 1891, il est tenté par Tahiti et sa culture qu'il pense inaltérée. Déçu par Papeete, il s'enfonce plus loin dans l'île à la recherche d'un environnement plus naturel et commence à peindre le Tahiti de ses rêves: un monde langoureux, de belles femmes, une verdure luxuriante, des fleurs flamboyantes: Le pays des délices, Les mots du diable, Près de la mer, Deux femmes tahitiennes. À noter que ce dernier tableau a provoqué l'indignation d'une visiteuse, qui lui a donné un coup de poing, en guise de «cachez ce sein que je ne saurai voir». Elle s'était écrié, «çà c'est le mal!», et avait été arrêtée de justesse par un gardien, avant de l'endommager. Un minutieux examen au laboratoire a montré que l'oeuvre (propriété du Metropolitan Museum of Art de New York) n'avait subi aucune détérioration.
Retour aux toiles du maître et arrêt sur sa recréation du passé. Notamment, celui de l'ancienne Polynésie qu'il regrette n'avoir pas connue. Alors, il mémorise la mort du dernier roi tahitien, Pomare V. Pour célébrer ce «noble sauvage», il a peint une tête royale dramatiquement posée sur un coussin blanc.
À la fin de sa vie, Gauguin avait voulu rentrer en France. Son ami, Georges-Daniel de Monfreid, lui écrit: «Tu es en ce moment cet artiste extraordinaire et légendaire qui envoie, des profondeurs de l'Océanie, son travail déconcertant et inimitable. Tu jouis de l'immunité des grands morts. Tu appartiens maintenant à l'histoire de l'art.»
C'est un Gauguin dans ses paradis recherchés, trouvés et perdus. Organisée en collaboration avec la Tate Gallery de Londres, cette exposition regroupe plus de cent huiles, pastels, gravures, dessins, sculptures et objets fonctionnels. Ces œuvres reflètent l'utilisation, par Gauguin (1880-1903), des symboles religieux et mythologiques pour raconter des histoires en réinventant ou...

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