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Syrie : déploiement de forces face aux manifestants

Les forces syriennes de sécurité se sont déployées dans la nuit de samedi à dimanche à Banias et Homs, deux points chauds de la contestation en cours depuis près d'un mois en Syrie, rapportent des habitants.
A Banias, ville à dominante sunnite, un milice fidèle au président Bachar el Assad, qui appartient à la minorité alaouite, a tiré dimanche sur des personnes gardant une mosquée et cinq personnes ont été blessées, ont rapporté deux témoins.
Les miliciens, appelés "chabbiha", qui circulaient à bord d'un véhicule, ont tiré à l'arme automatique sur le groupe avant de disparaître, ont indiqué les témoins - un médecin et un professeur d'université.
Onze ans après son accession au pouvoir, Assad est confronté à un mouvement de contestation sans précédent dans l'histoire moderne de la Syrie où l'état d'urgence est en vigueur depuis le coup d'Etat orchestré par le parti Baas en 1963.
Issu de la minorité alaouite, une branche dissidente de l'islam chiite qui compte pour 10% des 20 millions de Syriens, Assad a répondu à la crise par un mélange de répression et de gestes d'ouverture.
S'appuyant sur la police secrète, les forces spéciales, des unités de l'armée et des forces paramilitaires pour mater les contestataires, il a aussi promis de remplacer la loi d'urgence par une nouvelle législation antiterroriste. Mais ses détracteurs redoutent que cette dernière accorde à l'Etat autant de pouvoirs répressifs.
Il a aussi accordé la citoyenneté syrienne à des Kurdes apatrides de la région orientale d'al Hasaka. Mais les dirigeants kurdes ont annoncé la poursuite de leur lutte non violente pour les droits de l'homme et la démocratie.
Samedi, à l'issue des funérailles de manifestants tués vendredi, les forces de sécurité ont utilisé des tirs à balles réelles et des gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants à Deraa, dans le sud, d'où étaient parties les manifestations, en mars.
Les participants aux obsèques s'étaient rassemblées près de la mosquée d'Omari, dans la vieille ville de Deraa, où le ressentiment contre les dirigeants alaouites est très vif.
RECOURS A LA FORCE
Dans la nuit, les forces de sécurité se sont déployées à Banias, sur la côte méditerranéenne, où se trouve l'une des deux raffineries de pétrole du pays.
Plusieurs chars ont été aperçus dans la partie nord de la ville où les manifestations se sont intensifiées à mesure qu'Assad recourait à une force croissante pour réprimer les manifestations dans le sud.
Des tirs nourris ont été entendus mais on ne dispose d'aucune information confirmée quant à la présence de victimes. Des activistes ont rapporté que le téléphone était coupé.
Dans la région de Houla, dans la province de Homs, au nord de Damas, l'arrivée de renforts de sécurité a aussi été signalée. La décision, annoncée il y a quelques jours par Assad, de limoger le gouverneur de la province n'a pas calmé les manifestants. L'Organisation nationale pour les droits de l'homme en Syrie a déclaré que 26 manifestants avaient été tués vendredi à Deraa, après avoir auparavant déclaré que ces morts étaient intervenues samedi.
Dans un communiqué mis en ligne dimanche sur son site internet, elle donne la liste de 26 manifestants tués à Deraa et deux à Homs et elle donne les noms de 13 personnes arrêtées au cours des dix derniers jours.
Les autorités syriennes ont interdit aux médias de couvrir la situation à Deraa et les liaisons par téléphone portable y semblent coupées.
"Le régime a davantage recours à la violence à Deraa parce qu'il pense que l'on peut y contenir les réactions de la population locale", estime le politologue syrien Ayman Abdel Nour.
"Mais ne vous trompez pas sur la nature du régime syrien. Sa stratégie face aux manifestations dans toute la Syrie est concentrée entre les mains d'un seul homme qui prend toutes les décisions: Bachar el Assad", a-t-il dit à Reuters.
"CONSPIRATION ETRANGERE"
Assad a dénoncé une conspiration étrangère qui chercherait à semer les graines d'une division intercommunautaires, arguments similaires à ceux utilisés par son père, le défunt président Hafez el Assad, face à des contestataires de gauche et islamistes. La répression avait fait des milliers de victimes dans les années 1980.
Vendredi, des manifestations ont été signalées dans tout le pays, de Lattaquié, dans l'ouest, à Albou Kamal, dans l'est, et selon un mouvement syrien de défense des droits de l'homme, 37 personnes au moins ont été tuées dans l'ensemble de la Syrie.
La télévision publique a fait état pour sa part de 19 policiers tués et de 75 blessés par des groupes armés à Deraa et le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'il ne tolèrerait aucune atteinte à la loi et réprimerait les "groupes armés" auxquels il impute les troubles.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki moon, a déclaré par téléphone à Assad qu'il était "très préoccupé par les récentes informations faisant état de violences contre des manifestants", ont fait savoir les Nations unies.
Un témoin a dit avoir vu samedi à Deraa au moins quatre jeunes gens blessés par des tireurs embusqués emmenés dans un dispensaire par des manifestants.
Des habitants expliquent que l'on évite de transporter de nombreux blessés dans les hôpitaux publics de crainte qu'ils soient arrêtés par des policiers en civil présents dans ces établissements.
Aux premières heures de samedi, les forces de sécurité ont aussi eu recours à tes tirs à balles réelles pour disperser des centaines de personnes à Lattaquié. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et il y a peut-être des morts, ont rapporté des habitants.
Un témoin a dit avoir vu utiliser des camions citernes remplis d'eau pour laver le sang dans des rues proches de l'Ecole Takhasoussieh, dans le quartier de Sleibeh.
"On ne peut faire deux pas dans la rue sans risquer de se faire arrêter. Il est difficile de savir s'il y a eu des morts, mais on a entendu des tirs nourris d'AK-47", a dit un habitant.
Les forces syriennes de sécurité se sont déployées dans la nuit de samedi à dimanche à Banias et Homs, deux points chauds de la contestation en cours depuis près d'un mois en Syrie, rapportent des habitants.A Banias, ville à dominante sunnite, un milice fidèle au président Bachar el Assad, qui appartient à la minorité alaouite, a tiré dimanche sur des personnes gardant une mosquée...