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Lifestyle - Horoscope lunaire

Comment le Lapin chinois est devenu le Chat vietnamien

Kham /Reuters

L'Asie a célébré hier avec faste et gourmandise l'entrée dans l'année du Lapin, mais le Vietnam, jamais en reste d'une touche de distinction vis-à-vis de son encombrant voisin chinois, n'en fait qu'à sa tête. Il entre dans l'année du Chat. Les deux calendriers zodiacaux sont très similaires, avec pour seule autre différence le Buffle vietnamien à la place du Bœuf chinois. Les autres - Rat, Tigre, Dragon, Serpent, Cheval, Chèvre, Singe, Coq, Chien et Cochon - leur sont communs.
Bien malin qui pourrait expliquer l'origine d'un schisme que certains datent de quelques siècles, d'autres de plus de deux millénaires. Mais plusieurs ouvrages renvoient à une légende fondatrice commune, selon laquelle Bouddha aurait convié les animaux à participer à une course pour choisir les douze représentants du Zodiac éternel. Le Chat et le Rat, alors amis, se seraient réfugiés sur le dos du bœuf pour traverser le fleuve. Mais à l'approche de la rive, le fourbe rongeur aurait poussé le chat dans l'eau, déclenchant ainsi une ancestrale inimitié.
Au Vietnam dit-on, ce serait plutôt l'Empereur de Jade, un dieu taoïste, qui aurait organisé la compétition. Mais le Chat, cette fois, savait nager...
« On peut utiliser les explications anthropologiques et culturelles », tempère Philippe Papin, historien à l'École pratique des hautes études (EPHE) à Paris. Mais l'explication la plus probable est linguistique, alors qu'une majorité du Vietnamien contemporain vient du Chinois. « Mão en chinois (lapin) se rapproche de mèo en Vietnamien (chat). Il s'agit d'un glissement du sens en suivant la pente du son, comme souvent. »
Légende, histoire ou langue, peu importe. Nul, au Vietnam, ne songerait à s'aligner sur l'Empire du Milieu. Car la Chine a occupé le Vietnam pendant pas moins de mille ans. Et si ce dernier en a gardé des mots, des génies et mille autres choses, il n'en cultive pas moins un profond besoin de distinction. « C'est une question d'honneur national de n'avoir pas copié la Chine en tout point », souligne Benoît de Tréglodé, directeur de l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (Irasec). « Cette forme d'imitation dans la distinction est présente partout dans la culture vietnamienne. »
« Le chat est plus proche des Vietnamiens que le lapin », relève de façon plus prosaïque Hoang Phat Trieu, un comédien de 76 ans à la retraite . « La plupart des Vietnamiens sont des paysans et le lapin n'a rien à voir avec eux, alors que le chat a toujours été leur allié, en tuant les rats qui détruisent les récoltes. »
Mais au Vietnam comme en Chine, pour le coup, chacun s'accommode comme il peut des prédictions astrologiques. « Cette année est une année moyenne, selon les voyants », explique Dao Thanh Huyen, une journaliste indépendante. « Mais j'ai déjà un antidote, ou plutôt deux : mon mari et mon fils sont Chien. Et on sait que Chat et Chien... »
L'Asie a célébré hier avec faste et gourmandise l'entrée dans l'année du Lapin, mais le Vietnam, jamais en reste d'une touche de distinction vis-à-vis de son encombrant voisin chinois, n'en fait qu'à sa tête. Il entre dans l'année du Chat. Les deux calendriers zodiacaux sont très similaires, avec pour seule autre différence le Buffle vietnamien à la place du Bœuf chinois. Les autres...

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