Chypre: Erdogan demande des excuses à Merkel

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a demandé qu'Angela Merkel s'excuse à la suite des critiques exprimées par la chancelière allemande concernant l'attitude turque dans le conflit chypriote, rapporte samedi la presse turque.
"De telles attitudes et déclarations ne correspondent pas à l'image que l'on se fait d'un dirigeant doté d'une vision et de hauteur de vue", a déclaré M. Erdogan devant les députés de son parti, selon le journal Vatan.
"Nous attendons de Mme Merkel qu'elle revoit ses connaissances en histoire et qu'elle s'excuse auprès de la partie turque, qui a fait tous les sacrifices pour un règlement dans l'île", a-t-il ajouté.
Au cours d'une visite à Chypre mardi, Mme Merkel a rendu hommage aux efforts des Chypriotes grecs pour mettre fin à la division de l'île, et a critiqué les Chypriotes turcs.
"Nous voyons les nombreux efforts que vous menez et nous voyons aussi que la partie turque n'apporte pas la réponse adéquate", a-t-elle dit devant le président de Chypre, Demetris Christofias, un Chypriote grec dont le gouvernement est seul reconnu par la communauté internationale.
Elle a aussi rappelé que la Turquie reste pénalisée, du fait de son attitude concernant la question chypriote, dans son processus d'adhésion à l'Union européenne.
"Les Turcs ont tenu parole pour le référendum. Qui ne l'a pas fait ? Les Chypriotes grecs. Et qui a été récompensé ? Les Chypriotes grecs", a déclaré M. Erdogan, faisant référence au référendum de 2004 sur un plan de l'Onu pour réunifier Chypre.
Le plan avait été approuvé par les Chypriotes turcs, et rejeté par les Chypriotes grecs. Peu après, Chypre, représentée par les Chypriotes grecs, rejoignait l'UE, les Chypriotes turcs restant à la porte de l'Europe.
M. Erdogan a critiqué l'UE, coupable à ses yeux de ne pas avoir tenu sa promesse d'alors de remédier à l'isolement économique de l'entité turque autoproclamée, la République turque de Chypre du Nord (RTCN).
Il a affirmé qu'Ankara ne changerait pas ses vues concernant Chypre contre la promesse d'une accession plus rapide à l'UE, selon Vatan.
En 2006, l'UE a gelé huit des 35 "chapitres" qui doivent être conclus pour une adhésion de la Turquie, du fait du refus d'Ankara d'autoriser les navires et aéronefs chypriotes grecs à utiliser les ports turcs.
Chypre est divisée depuis 1974, lorsque la Turquie a envahi le nord de l'île à la suite d'un coup d'Etat fomenté par des nationalistes chypriotes-grecs et visant à rattacher le pays à la Grèce.