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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’Arménie s’accroche à sa centrale nucléaire, en pleine zone sismique

L'UE et les écologistes tentent de convaincre Erevan de fermer l'usine de Metzamor, lancée à l'époque soviétique.
Les gigantesques colonnes de refroidissement de la centrale nucléaire de Metzamor, toute proche d'Erevan, s'élèvent au milieu d'une zone au risque sismique important, mais malgré les mises en garde des écologistes, le gouvernement arménien veut agrandir cette installation. L'Union européenne tente depuis longtemps de convaincre l'Arménie de fermer la centrale, lancée en 1976 à l'époque soviétique.
Mais à l'inverse, Erevan a signé un contrat avec la Russie pour ajouter un nouveau réacteur à Metzamor, qui couvre actuellement 40 % des besoins en électricité du pays. Les ONG locales de défense de l'environnement jugent que mener à terme ce chantier relève de l'inconscience, la centrale n'étant qu'à 30 km des 1,1 million d'habitants de la capitale arménienne. Elles rappellent aussi que les autorités, en raison du risque sismique, avaient fermé les deux réacteurs de Metzamor après le séisme de 1988 qui avait tué 25 000 personnes et dont l'épicentre était situé à Spitak (à 90 km au nord de la centrale). Mais face à la pénurie d'électricté, le gouvernement a relancé l'un d'eux en 1993.
« Ceux qui ont décidé de construire une centrale nucléaire à un tel endroit ne pensent tout simplement pas à l'avenir du peuple arménien et ne réalisent pas les conséquences catastrophiques potentielles », insiste Hakob Sanassarian, qui dirige le mouvement écologiste Union verte. « Ce territoire est comme une assiette cassée », poursuit-il, évoquant les cinq failles tectoniques qui s'y trouvent. « C'est le pire endroit possible pour une centrale nucléaire », conclut le militant.
Les autorités arméniennes estiment que la centrale est irremplaçable, et qu'y ajouter un réacteur supplémentaire de 1 060 mégawatts est une nécessité pour l'Arménie, pays sans ressources naturelles et souffrant du blocus économique imposé en raison de conflits territoriaux et historiques par deux de ses voisins, l'Azerbaïdjan et la Turquie. Le chantier, estimé à cinq milliards de dollars, doit débuter dès l'année prochaine, selon l'accord signé en août lors de la visite à Erevan du président russe, Dmitri Medvedev. « Pour un pays comme l'Arménie, qui n'a pas de réserves énergétiques importantes comme du pétrole ou du gaz, mais qui a l'expérience du nucléaire, l'énergie atomique est la meilleure des solutions », affirme le ministre de l'Énergie, Armen Movsissian, dans un entretien à l'AFP. Il assure que le nouveau réacteur respectera les normes de sécurité les plus strictes et qu'il pourra dès lors fonctionner sans problème durant les 60 ans à venir.
Les habitants de Erevan sont conscients du danger potentiel que cette centrale représente, mais beaucoup se souviennent des années sombres qui ont suivi la chute de l'URSS en 1991, lorsque le courant n'était disponible qu'une heure ou deux par jour. « Nous vivons avec la peur en permanence parce que le danger d'un tremblement de terre est toujours là et bien sûr parce qu'il y a l'énorme risque posé par la centrale nucléaire », explique Achot Sagatelian, un commerçant de 53 ans. « Mais que peut-on faire si nous n'avons pas d'autres ressources énergétiques ? Mes enfants ont grandi dans le noir et le froid des années 1990, c'était le cauchemar absolu », insiste-t-il.
Les gigantesques colonnes de refroidissement de la centrale nucléaire de Metzamor, toute proche d'Erevan, s'élèvent au milieu d'une zone au risque sismique important, mais malgré les mises en garde des écologistes, le gouvernement arménien veut agrandir cette installation. L'Union européenne tente depuis longtemps de convaincre...

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