Accompagné de son épouse, du ministre de l'Énergie et des Ressources hydrauliques Gebran Bassil et de Pierre Raffoul, le général Aoun a passé la journée entre Jezzine, Aïtoulé, Bkassine et Maknouné, son village natal. Aoun a fait coïncider cette visite avec la célébration de la fête de sainte Thècle. Dans son discours, il a soulevé la question des privations subies par cette région qui a pourtant traversé des moments très durs au cours desquels une partie de sa population a été contrainte à l'exode. Revenant sur un thème qui lui est cher, Aoun a appelé les habitants à ne pas vendre leurs biens pour que leur terre ne perde pas son identité. « Entre la vente des terres et l'émigration, c'en sera fini de notre présence (NDLR, chrétienne) dans la région », a déclaré Aoun, qui a comparé cette situation à celle de la Palestine.
Le chef du CPL a encore déclaré que l'État cherche à juger le peuple alors que ce sont les gouvernants qui devraient être jugés, « car ils nous ont placés devant de mauvais choix (...) Vous devez réclamer au gouvernement votre droit au développement, dont vous avez été privés depuis la libération en 2000 », a-t-il dit.
Évoquant le dossier des faux témoins, Aoun s'est demandé pourquoi « ils ne veulent pas qu'ils soient jugés, alors que la justice est entre leurs mains ». Il a tourné en dérision les propos de certains députés du Courant du futur sur « la fabrication par l'opposition » de ce dossier, les qualifiant de « poussins en matière de politique ». Il a ensuite indiqué que « si l'opposition a fabriqué les faux témoins, qu'on arrête ses membres et qu'on les défère devant les tribunaux », ajoutant que ce dossier est utilisé pour mener des procès vengeurs, non pour instaurer la justice.
Abordant le thème de la corruption, Aoun a demandé aux citoyens de refuser le fait accompli car cela encouragerait les corrompus à continuer sur la même voie, affirmant que l'argent public est dépensé sans le moindre contrôle. Il a rappelé qu'il n'y a pas eu de loi sur le budget pendant quatre ans et, par conséquent, les fonds ont été dépensés de manière illégale.
Aoun a ensuite parlé des services de renseignements des FSI, qu'il a qualifiés de « gang ». Selon lui, ce département « est illégal et confessionnel », soulignant que « nous avons atteint l'époque de la décadence car Ils bafouent les lois avec arrogance ».
Aoun a rendu hommage aux habitants de la région. « Vous êtes un peuple résistant, leur a-t-il déclaré. Vous ne cédez pas à la corruption et à la destruction des valeurs. »
Aoun est ensuite revenu sur les critiques qui lui sont adressées sur un certain « manque de cohérence » dans ses propos et sa politique . Il a rappelé qu'il avait toujours appelé à l'établissement de bonnes relations avec la Syrie après le retrait de ses troupes du Liban. Il a ajouté qu'il a toujours été conséquent avec lui-même, « alors que d'autres oublient leur passé criminel, ainsi que les vols et la taxation des citoyens. Ils construisent des palais et viennent ensuite s'en prendre à ceux qui ne possèdent pas un sou... ». Il a relevé au passage que Geagea a évité d'attaquer la Syrie dans son dernier discours.
Le chef du CPL a ensuite répondu au chef des Forces libanaises, lui déniant le titre de « docteur » (parce qu'il n'est ni sage ni médecin, a-t-il précisé). Il a rappelé comment, à son retour d'exil le 7 mai 2005, il s'était déclaré prêt à ouvrir une nouvelle page avec toutes les parties. Il a ensuite rappelé qu'il a répété ces propos à Geagea lui-même lorsqu'il lui avait rendu visite à la prison de Yarzé. Il lui avait alors dit, selon Aoun : « Nous devons dépasser ce qui s'est passé en 1990, sans l'oublier pour ne pas rééditer les mêmes erreurs. Nous laisserons à l'histoire le soin de juger cette période. Coopérons ensemble pour le bien du pays et des citoyens. » Mais Geagea a alors préféré se joindre à l'alliance quadripartite (Amal-
Hezbollah-Courant du futur-PSP), qui, avec les Kataëb et Kornet Chehwane, est devenue un partenariat à sept, croyant pouvoir le défaire et le chasser du paysage politique. Mais que la réponse est venue à travers les élections législatives. Aoun a répété : « Nous avons modifié le paysage régional et déjoué les complots fomentés contre notre pays. » Il a ensuite précisé que « nous sommes arrivés à la dernière étape. Quelles que soient les menaces, nous vaincrons le mal, et les portes de l'enfer ne seront pas plus fortes que notre détermination. Il a ensuite parlé du plan américain en Irak qui a poussé les chrétiens à l'exode, se demandant si les USA ne cherchaient pas à rééditer cette expérience au Liban.« Mais si nous restons solidaires et attachés à notre terre, nous conserverons celle-ci, ainsi que notre identité est notre patrie », a-t-il déclaré avant de rappeler que l'on cherche à briser la résistance parce qu'elle s'oppose à la volonté israélienne d'imposer l'implantation des réfugiés palestiniens, qui, si elle devait se réaliser, provoquerait l'exode des Libanais...