Hier, les responsables du recrutement de tous les clubs européens ont la gueule de bois. Les dernières 48 heures ont été dures. Et depuis mardi, 19 heures en Angleterre, minuit en France, le coup de sifflet a retenti.
Un mercato de la dernière heure
Le mercato d'été a duré près de trois mois (du 8 juin au 31 août 2010). Mais une fois encore, c'est dans les ultimes heures que beaucoup de joueurs ont trouvé un nouvel employeur. Si David Villa (FC Barcelone), Jimmy Briand (Olympique Lyonnais) et Angel Di Maria (Real Madrid) ont rapidement trouvé un nouveau club, pour beaucoup d'autres il a fallu patienter.
Ainsi, de grands joueurs du foot européen se sont engagés très tard. Lors des trois derniers jours, Zlatan Ibrahimovic et Robinho ont signé au Milan AC, Huntelaar a rejoint Schalke 04, Trezeguet s'est envolé pour Alicante. Maintenant, les joueurs internationaux aussi doivent attendre l'agitation des dernières minutes pour trouver un club. À tel point que Van der Vaart ne sait pas s'il pourra rejoindre son nouveau club Tottenham. La Premier League essaye aujourd'hui de savoir s'il a signé à 18h59 ou 19h01 pour homologuer le contrat.
En France aussi, il a fallu attendre avant de voir le mercato s'animer. C'est le départ de Mamadou Niang à Fenerbahçe le 17 août qui a lancé le jeu de domino. Dans la foulée, l'OM a dépensé 30 millions d'euros pour s'attacher les services de deux attaquants (Gignac et Rémy), l'OL s'est offert une des stars de la L1 pour 22 millions d'euros (Gourcuff).
Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour que le marché se décante ? Tout d'abord, la Coupe du monde en Afrique du Sud a occupé tous les esprits. Second élément de réponse : la valse des entraîneurs. Sur les seize formations qualifiées pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions l'année dernière, la moitié (8) a changé d'entraîneurs depuis. Dès lors, il faut du temps aux nouveaux coachs en place pour jauger leurs effectifs et définir les priorités de recrutement.
Les clubs anglais ont peur du fair-play financier
La crise économique a également incité à la prudence. En Angleterre, les grosses écuries n'ont pas révolutionné leur formation. Manchester United n'a pas acheté de joueurs à plus de 10 millions d'euros. Liverpool et Chelsea n'ont recruté qu'un seul joueur à plus de 10 millions d'euros. Seul Manchester City a dépensé 153 millions d'euros cet été (380 millions sur les trois dernières années). Les grosses écuries semblent avoir en tête qu'il faudra bientôt suivre les règles de fair-play financier édictées par l'UEFA. Les formations ne pourront pas avoir un déficit supèrieur à 50 millions d'euros sur 3 ans. Au total, les clubs anglais ont dépensé près de 300 millions d'euros. Le plus faible total depuis 2006 relaie le cabinet Deloitte.
Même le Real Madrid, marqué par l'absence de titre l'an passé, a été sage. Après avoir acheté pour 254 millions la saison dernière, Florentino Perez a déboursé « seulement » 70 millions pour attirer 6 joueurs (Özil, Khedira, Canales, Di Maria, Pedro Leon, Ricardo Carvalho). Finalement, le vrai transfert du club madrilène, c'est celui du coach puisque l'arrivée de Mourinho a coûté 8 millions d'euros au club de la capitale. Le Real est prudent, mais pas autant que le Bayern Munich qui, lui, n'a dépensé aucun euro lors de ce marché des transferts.
En Italie, les joueurs ont bougé, mais pas les capitaux. Le Milan AC a certes recruté (15 M€ pour Robinho, 5,5 M€ pour Papastathopoulos et 24 pour Zlatan), mais le transfert du Suédois ne sera payé que l'année prochaine. L'Inter n'a enregistré qu'un seul renfort (un troisième gardien). La Roma a peu recruté (Burdisso 8 M€, Fabio Simplicio gratuit et Borriello prêt). Enfin, la Juve a tenté un coup (Krasic pour 15M€), mais a surtout changé son effectif grâce au système de prêts (Aquilani, Pepe, Traoré).
Que retenir de ce mercato ? Les présidents sont de plus en plus prudents. Les performances du FC Barcelone et du Bayern Munich ont montré la voie. On peut réussir au plus haut niveau en misant également sur la formation. Même les patrons des clubs, comme l'Inter Milan, Chelsea, composés de joueurs venus des 4 coins du globe, ont arrêté de faire des folies. Mais que les agents se rassurent, ils ont encore quelques belles années de travail devant eux.