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II - Au large du Liban, des gisements potentiellement importants

Une nécessaire préparation scientifique

Si le forage sera naturellement confié à une ou des compagnie(s) pétrolière(s) mondiale(s), cela dispense-t-il le Liban de se préparer et de mobiliser ses propres experts scientifiques ? Des voix s'élèvent aujourd'hui pour demander que les scientifiques locaux aient leur mot à dire en cas de bouleversement aussi radical.
Interrogé sur ce point par L'Orient-Le Jour, Fadi Nader, géologue et ingénieur de recherche à l'Institut français du pétrole, pense que le pays doit « mettre en œuvre le développement de ses infrastructures scientifiques (e.g. universités, CNRS, centres de recherches appliquées, instituts publics) et de son cadre humain ».
Et d'ajouter : « Il ne faut pas oublier que notre infrastructure n'a pas beaucoup évolué depuis le début des années 70. Je me demande où est le "Geological Survey" libanais, où sont les instituts de recensement de ressources. Même les secteurs de l'eau et de l'hydrogéologie, qui n'ont pas attendu l'ère du pétrole et qui sont beaucoup plus prioritaires, souffrent de ce manque. Jetons un coup d'œil chez nos voisins. En Syrie, il existe un bureau géologique et minier où les études géologiques sont compilées. Les sources d'eau et les rivières sont jaugées en permanence et les résultats sont enregistrés dans des instituts publics. En Israël, il y a même un institut pour l'étude du karst et des grottes, qui recense ces patrimoines comme d'autres ressources nationales. »
Qu'en est-il du Liban ? « De tels instituts n'existent pas, déplore M. Nader. Les jeunes chercheurs, géologues et mêmes ingénieurs et géophysiciens doivent être encouragés à suivre des formations en géoscience pour préparer des générations de cadres qui pourront jouer un rôle pertinent dès le lancement de l'industrie pétrolière au Liban. Il ne faut pas arriver à une situation où le Liban, qui a beaucoup de potentiel humain, en arrive à dépendre complètement des compagnies étrangères. Il y aura des ouvertures professionnelles et un besoin d'experts dans plusieurs disciplines : géologie, génie de réservoir/ pétrole, chimie, raffinage, économie, affaires, droit, assurance... Mais ce qui manque, c'est une vision à long terme. »
L'expert pense qu'il aurait fallu se préparer depuis quarante ans et qu'il ne sera pas aisé de rattraper ce retard. « Il faudra notamment améliorer la synergie entre les centres de recherche existants au Liban et leurs homologues dans les pays développés », poursuit-il, insistant sur le rôle que pourrait jouer le CNRS, sur lequel le ministère de l'Énergie peut s'appuyer.
Plus facile à dire qu'à faire quand on sait que les scientifiques libanais sont souvent marginalisés dans ce pays. C'est en tout cas l'avis de Khalil Zein, président de la Société des géologues. « Les géologues sont absents de la scène, révèle-t-il. Nous n'avons même pas pu fonder un ordre professionnel en raison de notre refus de toute affiliation politique. Or il devrait y avoir facilement 500 géologues au Liban, et même davantage. »
Lui aussi note l'absence d'un centre de recensement géologique au Liban. « Les autorités font souvent appel à des géologues étrangers dès qu'elles ont besoin de spécialistes dans cette discipline, dit-il. Or, en cas d'exploitation de pétrole et de gaz au large, quel scientifique étranger aura à cœur les intérêts du pays plus que les géologues libanais ? Il faudra une équipe locale pour vérifier si les opérations se déroulent comme prévu. Cela est essentiel pour pouvoir bien bénéficier des ressources extraites, une chance qui ne se renouvellera pas. »
Si le forage sera naturellement confié à une ou des compagnie(s) pétrolière(s) mondiale(s), cela dispense-t-il le Liban de se préparer et de mobiliser ses propres experts scientifiques ? Des voix s'élèvent aujourd'hui pour demander que les scientifiques locaux aient leur mot à dire en cas de bouleversement aussi radical.Interrogé sur ce point par L'Orient-Le Jour, Fadi Nader, géologue et ingénieur de recherche à l'Institut français du pétrole, pense que le pays doit « mettre en œuvre le développement de ses infrastructures scientifiques (e.g. universités, CNRS, centres de recherches appliquées, instituts publics) et de son cadre humain ». Et d'ajouter : « Il ne faut pas oublier...