« Nous avons avancé dans les positions ennemies et nos forces ont presque coupé la route Makka al-Mukarrama, qui sert au ravitaillement de l'adversaire », a affirmé un porte-parole militaire des shebab, cheikh Abdiaziz Abu-Muscab. Des responsables du TFG ont démenti ces déclarations, affirmant « toujours contrôler la zone, même si les militants d'el-Qaëda ont tenté de pénétrer plusieurs de nos positions ce matin ». « Nous tenons toujours nos positions. (...) Il n'y a pas de raison de s'alarmer, la situation est sous contrôle », a affirmé à la mi-journée le porte-parole de l'Amisom, le major ougandais Ba-Hoku Barigye.
Depuis le lancement de leur vaste offensive lundi, baptisée « Opération éliminer les apostats », les shebab ont fait de cette avenue Makka al-Mukarrama un de leurs principaux objectifs. « Le gouvernement apostat ne contrôle plus qu'une des quatre routes principales de Mogadiscio et, avec l'aide de Dieu, nos combattants couperont cette route et les lignes d'approvisionnement de l'ennemi », a expliqué le porte-parole militaire des shebab. S'ils parvenaient à leur fin, les combattants islamistes porteraient un coup sévère au TFG et à l'Amisom, perturbant leurs lignes logistiques et confinant encore un peu plus leurs adversaires sur une étroite bande de terre le long de la mer.
Le « gouverneur » shebab de la capitale, Ali Mohammad Hussein, a par ailleurs appelé « la population à soutenir le jihad en cours, et à fournir armes et argent aux moujahidine », annonçant par ailleurs l'arrivée sur le champ de bataille de 500 nouveaux volontaires. Les shebab, qui se réclament d'el-Qaëda et de son idéologie du jihad mondial, tiennent l'essentiel du centre-sud de la Somalie et lancent régulièrement des attaques contre le TFG et l'Amisom à Mogadiscio.
Comme chaque jour, les affrontements ont baissé d'intensité dans l'après-midi, faisant place en début de soirée à des échanges d'artillerie sporadiques dans les zones contestées, au sud et au nord de la ville. En trois jours, au moins 72 civils ont été tués, dont six hier, fauchés par des balles perdues ou des obus de mortier. Mardi, 33 personnes, dont quatre parlementaires, avaient été tuées dans une attaque-suicide des shebab contre un hôtel abritant députés et officiels du TFG. Aucun bilan sur les pertes des belligérants n'était disponible de source indépendante.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont condamné ces violences. L'Éthiopie, dont les troupes avaient occupé la Somalie de 2006 à 2009 et qui avait évoqué début août un possible retour dans « l'hypothèse improbable » où l'Amisom aurait besoin d'être secourue, a appelé à la « destruction des shebab et de leurs combattants étrangers qui ne cessent de semer la mort et le chaos (...) ».