Mais, bien avant l'Unesco, Ptolémée Soter (305-283 avant J.-C.), ancien général d'Alexandre et nouveau pharaon d'Égypte, entendait rassembler en un lieu l'ensemble des œuvres de son temps. Ce lieu était la bibliothèque d'Alexandrie, la plus célèbre de l'Antiquité. Pour la réalisation de ce projet titanesque, le souverain s'assura la collaboration d'Aristote ! Des émissaires étaient envoyés aux quatre coins du monde. Ils étaient reçus par les rois, les sages, les chefs religieux. Ils achetaient à n'importe quel prix tous les livres qu'ils trouvaient. Ptolémée ordonna aussi de recopier les livres se trouvant sur les bateaux faisant escale à Alexandrie, constituant ainsi le « fonds des navires ». À peine arrivé, chaque ouvrage était traduit en grec, la langue savante de l'époque, résumé, analysé, catalogué, répertorié. Des sages, tels Callimaque, Zénodote, Eratosthène l'ont développée et y ont consacré leur vie. La bibliothèque a influé sur le cours de l'histoire. Il a fallu faire venir des Hébreux pour traduire la Torah et découvrir à cette occasion la coexistence pacifique. À la suite de cette traduction, Ptolémée II a relâché plus de cent mille Hébreux, pour cet étrange motif qu'on « ne pouvait pas les garder en prison maintenant qu'on avait traduit leurs livres ». Et les relations diplomatiques ont été renouées avec Jérusalem. Dans cette officine de l'âme comme il l'appelait, 490 000 rouleaux furent thésaurisés. On a estimé que 700 000 ouvrages avaient dû être réunis. Son succès suscita la jalousie d'une rivale à Alexandrie, Pergame, capitale du royaume du même nom, situé à la place actuelle de la Turquie, qui accueillit la deuxième Grande Bibliothèque. La course au livre n'en devint que plus frénétique. Des bandes de faussaires offraient des rouleaux de faux textes anciens rafistolés, parfois même de bonnes contrefaçons où l'authentique et l'apocryphe étaient habilement mélangés. Pour contrer leur concurrent, les Alexandrins décrétèrent l'embargo sur le papyrus. Une erreur qui leur coûta cher. Ils perdirent le fabuleux monopole du papier. Pour contrer la pénurie, les habitants de Pergame inventèrent un support à base de peaux de bêtes. Ainsi naquit la charta pergamena, c'est-à-dire le « papier de Pergame » ou le parchemin. En 47 avant J.-C., une guerre de succession déchira Alexandrie, opposant les légions de César, l'allié de Cléopâtre, aux troupes d'Achillas. Pour éviter que son ennemi ne s'en emparât, César fit mettre le feu à la flotte de Ptolémée XIII. Un vent traître porta l'incendie à la ville elle-même et jusqu'à la bibliothèque. Et tout le savoir du monde fut réduit en cendres en l'espace de quelques heures. Mais Marc-Antoine, par amour pour Cléopâtre, lui offrit les fonds de la bibliothèque de Pergame. L'histoire de l'humanité est malheureusement semée de destructions de bibliothèques intentionnellement par l'homme, par les guerres et dictatures ou bien accidentellement suite à une catastrophe naturelle... Corfou, Constantinople. Des millions de livres précieux et documents rares ont à jamais disparu, réduits en cendres par la bêtise humaine. Des milliers de poètes, d'écrivains, de savants resteront à jamais dans l'oubli et une somme colossale de connaissance et de savoir est à jamais perdue... Mon âme est triste ! Et tous les Deanxit, Cipralex et autres Prozac d'une vraie officine ne suffiraient pas !
Lifestyle - Objets et histoire
L’officine de l’âme
OLJ / Par Marise KASSAB, le 02 juillet 2010 à 00h08
L'Organisation des Nations unies pour l'éducation et la culture a toujours considéré les bibliothèques (biblio : livre et thêkê : place) comme la continuation de l'école. D'où la création de la bibliothèque numérique mondiale ou BNM qui rejoint Google Book Search et Europeana. Avec ce dispositif, il est possible de consulter sur le site correspondant des documents conservés dans les plus prestigieuses bibliothèques, d'où que l'on se trouve dans le monde sans exception et gratuitement. Parmi les documents accessibles dans la BNM figurent de vrais trésors, comme par exemple le Conte de Genji, un joyau de la littérature japonaise considéré comme un des romans les plus anciens du monde, ou une peinture se trouvant en Afrique du Sud, vieille de 8 000 ans, représentant des antilopes ensanglantées, ou encore la première carte mentionnant l'Amérique, datant de 1507, réalisée par un moine allemand et qui se trouve à la « Library of Congress » qui est, avec plus de 132 millions de volumes répartis sur environ 850 kilomètres d'étagères, la Bibliothèque la plus importante du monde. L'un de ses livres est si petit que l'on ne peut tourner les pages qu'avec une épingle. La bibliothèque accueille également la plus grande bibliothèque juridique du monde, mais aussi le plus vieux film de cinéma déposé : enregistrement d'un éternuement de Thomas Edison, qui date de 1893...
Mais, bien avant l'Unesco, Ptolémée Soter (305-283 avant J.-C.), ancien général d'Alexandre et nouveau pharaon d'Égypte, entendait rassembler en un lieu l'ensemble des œuvres de son temps. Ce lieu était la bibliothèque d'Alexandrie, la plus célèbre de l'Antiquité. Pour la réalisation de ce projet titanesque, le souverain s'assura la collaboration d'Aristote ! Des émissaires étaient envoyés aux quatre coins du monde. Ils étaient reçus par les rois, les sages, les chefs religieux. Ils achetaient à n'importe quel prix tous les livres qu'ils trouvaient. Ptolémée ordonna aussi de recopier les livres se trouvant sur les bateaux faisant escale à Alexandrie, constituant ainsi le « fonds des navires ». À peine arrivé, chaque ouvrage était traduit en grec, la langue savante de l'époque, résumé, analysé, catalogué, répertorié. Des sages, tels Callimaque, Zénodote, Eratosthène l'ont développée et y ont consacré leur vie. La bibliothèque a influé sur le cours de l'histoire. Il a fallu faire venir des Hébreux pour traduire la Torah et découvrir à cette occasion la coexistence pacifique. À la suite de cette traduction, Ptolémée II a relâché plus de cent mille Hébreux, pour cet étrange motif qu'on « ne pouvait pas les garder en prison maintenant qu'on avait traduit leurs livres ». Et les relations diplomatiques ont été renouées avec Jérusalem. Dans cette officine de l'âme comme il l'appelait, 490 000 rouleaux furent thésaurisés. On a estimé que 700 000 ouvrages avaient dû être réunis. Son succès suscita la jalousie d'une rivale à Alexandrie, Pergame, capitale du royaume du même nom, situé à la place actuelle de la Turquie, qui accueillit la deuxième Grande Bibliothèque. La course au livre n'en devint que plus frénétique. Des bandes de faussaires offraient des rouleaux de faux textes anciens rafistolés, parfois même de bonnes contrefaçons où l'authentique et l'apocryphe étaient habilement mélangés. Pour contrer leur concurrent, les Alexandrins décrétèrent l'embargo sur le papyrus. Une erreur qui leur coûta cher. Ils perdirent le fabuleux monopole du papier. Pour contrer la pénurie, les habitants de Pergame inventèrent un support à base de peaux de bêtes. Ainsi naquit la charta pergamena, c'est-à-dire le « papier de Pergame » ou le parchemin. En 47 avant J.-C., une guerre de succession déchira Alexandrie, opposant les légions de César, l'allié de Cléopâtre, aux troupes d'Achillas. Pour éviter que son ennemi ne s'en emparât, César fit mettre le feu à la flotte de Ptolémée XIII. Un vent traître porta l'incendie à la ville elle-même et jusqu'à la bibliothèque. Et tout le savoir du monde fut réduit en cendres en l'espace de quelques heures. Mais Marc-Antoine, par amour pour Cléopâtre, lui offrit les fonds de la bibliothèque de Pergame. L'histoire de l'humanité est malheureusement semée de destructions de bibliothèques intentionnellement par l'homme, par les guerres et dictatures ou bien accidentellement suite à une catastrophe naturelle... Corfou, Constantinople. Des millions de livres précieux et documents rares ont à jamais disparu, réduits en cendres par la bêtise humaine. Des milliers de poètes, d'écrivains, de savants resteront à jamais dans l'oubli et une somme colossale de connaissance et de savoir est à jamais perdue... Mon âme est triste ! Et tous les Deanxit, Cipralex et autres Prozac d'une vraie officine ne suffiraient pas !
Mais, bien avant l'Unesco, Ptolémée Soter (305-283 avant J.-C.), ancien général d'Alexandre et nouveau pharaon d'Égypte, entendait rassembler en un lieu l'ensemble des œuvres de son temps. Ce lieu était la bibliothèque d'Alexandrie, la plus célèbre de l'Antiquité. Pour la réalisation de ce projet titanesque, le souverain s'assura la collaboration d'Aristote ! Des émissaires étaient envoyés aux quatre coins du monde. Ils étaient reçus par les rois, les sages, les chefs religieux. Ils achetaient à n'importe quel prix tous les livres qu'ils trouvaient. Ptolémée ordonna aussi de recopier les livres se trouvant sur les bateaux faisant escale à Alexandrie, constituant ainsi le « fonds des navires ». À peine arrivé, chaque ouvrage était traduit en grec, la langue savante de l'époque, résumé, analysé, catalogué, répertorié. Des sages, tels Callimaque, Zénodote, Eratosthène l'ont développée et y ont consacré leur vie. La bibliothèque a influé sur le cours de l'histoire. Il a fallu faire venir des Hébreux pour traduire la Torah et découvrir à cette occasion la coexistence pacifique. À la suite de cette traduction, Ptolémée II a relâché plus de cent mille Hébreux, pour cet étrange motif qu'on « ne pouvait pas les garder en prison maintenant qu'on avait traduit leurs livres ». Et les relations diplomatiques ont été renouées avec Jérusalem. Dans cette officine de l'âme comme il l'appelait, 490 000 rouleaux furent thésaurisés. On a estimé que 700 000 ouvrages avaient dû être réunis. Son succès suscita la jalousie d'une rivale à Alexandrie, Pergame, capitale du royaume du même nom, situé à la place actuelle de la Turquie, qui accueillit la deuxième Grande Bibliothèque. La course au livre n'en devint que plus frénétique. Des bandes de faussaires offraient des rouleaux de faux textes anciens rafistolés, parfois même de bonnes contrefaçons où l'authentique et l'apocryphe étaient habilement mélangés. Pour contrer leur concurrent, les Alexandrins décrétèrent l'embargo sur le papyrus. Une erreur qui leur coûta cher. Ils perdirent le fabuleux monopole du papier. Pour contrer la pénurie, les habitants de Pergame inventèrent un support à base de peaux de bêtes. Ainsi naquit la charta pergamena, c'est-à-dire le « papier de Pergame » ou le parchemin. En 47 avant J.-C., une guerre de succession déchira Alexandrie, opposant les légions de César, l'allié de Cléopâtre, aux troupes d'Achillas. Pour éviter que son ennemi ne s'en emparât, César fit mettre le feu à la flotte de Ptolémée XIII. Un vent traître porta l'incendie à la ville elle-même et jusqu'à la bibliothèque. Et tout le savoir du monde fut réduit en cendres en l'espace de quelques heures. Mais Marc-Antoine, par amour pour Cléopâtre, lui offrit les fonds de la bibliothèque de Pergame. L'histoire de l'humanité est malheureusement semée de destructions de bibliothèques intentionnellement par l'homme, par les guerres et dictatures ou bien accidentellement suite à une catastrophe naturelle... Corfou, Constantinople. Des millions de livres précieux et documents rares ont à jamais disparu, réduits en cendres par la bêtise humaine. Des milliers de poètes, d'écrivains, de savants resteront à jamais dans l'oubli et une somme colossale de connaissance et de savoir est à jamais perdue... Mon âme est triste ! Et tous les Deanxit, Cipralex et autres Prozac d'une vraie officine ne suffiraient pas !
L'Organisation des Nations unies pour l'éducation et la culture a toujours considéré les bibliothèques (biblio : livre et thêkê : place) comme la continuation de l'école. D'où la création de la bibliothèque numérique mondiale ou BNM qui rejoint Google Book Search et Europeana. Avec ce dispositif, il est possible...
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