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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Interrogations sur un marchandage, après le retour de Reiss à Paris

Hortefeux signe un arrêté d'expulsion vers l'Iran pour Ali Vakili Rad, condamné pour l'assassinat de Bakhtiar.
Au lendemain du retour à Paris de Clotilde Reiss, la jeune universitaire française retenue en Iran pendant dix mois pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales, le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé hier avoir signé l'arrêté d'expulsion de Ali Vakili Rad, un Iranien condamné en France pour l'assassinat en 1991 de l'ex-Premier ministre du chah, Chapour Bakhtiar. « Ali Vakili Rad a été condamné à une lourde peine de prison avec une peine de sûreté de 18 ans. La justice a tranché sur sa libération conditionnelle après ces années de prison. L'arrêté d'expulsion n'en est que la conséquence administrative. Il a donc été signé », a-t-il déclaré. La justice française doit entériner cet après-midi la libération conditionnelle de l'Iranien, condamné à perpétuité en 1994 en France. Ayant accompli la part incompressible de sa peine, Ali Vakili Rad est libérable depuis près d'un an, mais sa remise en liberté conditionnelle n'était envisageable que si le ministère de l'Intérieur ordonnait son expulsion. Toutes les conditions étant réunies, Ali Vakili Rad devrait pouvoir regagner très rapidement l'Iran.
Contrepartie ou hasard de calendrier ? Quoi qu'il en soit, cet arrêté d'expulsion alimente les interrogations sur l'existence d'un « échange » de détenus entre Paris et Téhéran. Le porte-parole de l'opposition socialiste, Benoît Hamon, a ainsi réclamé la « transparence » du gouvernement. « Je pense, comme beaucoup de Français (...), qu'il y a probablement eu des contreparties », a-t-il déclaré hier sur la chaîne I-Télé, évoquant la pratique de « négociations » dans des affaires de ce type.
Paris comme Téhéran ont démenti tout lien entre la libération de la jeune femme et celles d'Iraniens détenus en France, notamment Ali Vakili Rad et Majid Kakavand, que Paris a refusé d'extrader aux États-Unis, malgré la concomitance de dates et le fait que Téhéran ait plusieurs fois relié ces affaires. Majid Kakavand, un ingénieur iranien, retenu en France depuis mars 2009, était accusé par Washington d'avoir fourni à son pays des composants électroniques ayant de possibles applications militaires. La justice française a refusé son extradition le 5 mai, lui permettant de rentrer en Iran dans les quarante-huit heures. Son retour avait été applaudi à Téhéran comme un élément « positif » pour les relations bilatérales. Quelques mois plus tôt, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait lui-même comparé le sort de Clotilde Reiss à celui d'Iraniens retenus en France.
Hier, le ministère français des Affaires étrangères a réitéré les démentis fermes du chef de la diplomatie Bernard Kouchner, qui a affirmé dimanche qu'il n'y avait eu « aucune contrepartie » ni « aucun marchandage ». À Washington, le département d'État a estimé que le retour de Reiss à Paris n'est pas lié à la libération imminente de Vakili Rad. « Nous ne pensons pas que ces choses doivent être liées et nous notons que la France a dit qu'elles n'étaient pas liées », a laconiquement commenté le porte-parole Philip Crowley, questionné lors de son point de presse quotidien.

Reiss recrutée par
les services, selon
un ex de la DGSE

Par ailleurs, le porte-parole du Quai d'Orsay Bernard Valero a démenti « catégoriquement » tout lien entre Clotilde Reiss et les services de renseignements français, comme l'a affirmé hier un ancien cadre de ces services. Pierre Siramy, ancien sous-directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), a déclaré dans plusieurs médias que Clotilde Reiss avait été recrutée par son service à sa propre demande. « Elle a travaillé au profit de la France pour collecter des informations qui étaient de nature de politique intérieure (....) et d'autres qui étaient sur la prolifération nucléaire », a-t-il dit sur LCI, ajoutant que la jeune fille était « immatriculée à la DGSE ». Selon lui, elle se serait présentée d'elle-même à l'ambassade de France à Téhéran à son arrivée en Iran par patriotisme et les autorités iraniennes auraient découvert son engagement en scrutant sa correspondance sur Internet. Pierre Siramy est poursuivi pour violation du secret de la Défense nationale depuis la fin avril à la suite de la publication de son livre, selon Lepoint.fr, une information confirmée de source proche du ministère de la Défense. La plainte vise également les chefs de violation du secret professionnel et de divulgation de l'identité de militaires et civils protégés.

Au lendemain du retour à Paris de Clotilde Reiss, la jeune universitaire française retenue en Iran pendant dix mois pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales, le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé hier avoir signé l'arrêté d'expulsion de Ali Vakili Rad, un Iranien...

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