M. Allaoui, qui fut Premier ministre du gouvernement par intérim entre juin 2004 et avril 2005, a promis qu'il discuterait « avec toutes les parties qu'elles aient gagné ou non, pour former le prochain gouvernement ». La liste « Iraqia ouvrira son cœur à toutes les forces politiques et à tous ceux qui veulent construire l'Irak. Nous enterrerons ensemble le communautarisme politique », a-t-il ajouté à la télévision satellitaire al-Arabiya.
Immédiatement après l'annonce de sa victoire, le camp de M. Allaoui réuni au siège de la liste dans le centre de Bagdad a explosé de joie et quelques feux d'artifice ont illuminé le ciel de la capitale. Ses partisans ont crié son nom dans la rue, d'autres brandissaient des drapeaux irakiens ou chantaient et dansaient au son de tambours.
Nouri al-Maliki a refusé de reconnaître sa défaite, arguant que les résultats n'étaient « pas définitifs ». « Bien sûr, nous n'acceptons pas ces résultats. Ils sont préliminaires », a-t-il dit, d'un ton trahissant l'amertume. Il avait lui-même appelé à un nouveau décompte des voix après les accusations de fraudes émises par son parti et agité l'épouvantail d'un « retour à la violence » si la commission n'accédait pas à cette demande.
Les résultats annoncés par la commission électorale seront définitifs après leur certification finale par la Cour suprême et l'examen des éventuelles plaintes que les candidats pourront déposer à partir de samedi.
Les États-Unis ont salué le scrutin. L'ambassadeur américain en Irak, Christopher Hill, et le commandant des troupes américaines, le général Ray Odierno, ont, eux, jugé qu'il n'existait « aucune preuve de fraudes massives ou sérieuses ». L'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Ad Melkert, qui assistait à l'annonce des résultats, a estimé quant à lui que le scrutin était « crédible », le qualifiant de « succès » pour le pays tout en appelant les différents partis à « accepter les résultats ».
Le prochain Premier ministre doit s'attendre à de longues et difficiles tractations. Le vainqueur ne dispose en effet pas d'une majorité absolue pour gouverner seul et devra rassembler une coalition. M. Allawoui, qui a joué pendant la campagne sur une image de nationaliste transcendant les communautés, a réalisé de très bons scores dans les régions sunnites et à Bagdad, tout en gagnant 12 sièges dans les régions chiites. Les électeurs des zones chiites du Sud ont préféré, eux, la continuité avec M. Maliki, qui se targue d'avoir rétabli la sécurité dans le pays dont il a pris les rênes au pire moment des violences communautaires. Mais les régions sunnites l'ont boudé et ne lui ont donné aucun siège.
Un double attentat à la bombe est toutefois venu rappeler que la situation reste fragile. Au moins 42 personnes ont été tuées et 65 blessées près de Baaqouba, au nord de Bagdad, selon les forces de sécurité de la province de Diyala.