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Moyen Orient et Monde - Analyse

Conflits ethniques et fonciers, principales causes des violences au Nigeria

Pour les spécialistes le facteur religieux est souvent secondaire.

Ce jeune de 20 ans a juste été blessé dans les violences qui ont fait au moins 500 décès de l’ethnie berom. Photo AFP

Rivalités ethniques séculaires, conflits liés à la terre et frustrations politiques sont les principales causes de la violence qui ravage régulièrement la région de Jos, dans le centre du Nigeria, estiment des spécialistes.
Au moins 500 chrétiens de l'ethnie berom, des cultivateurs sédentaires, ont été massacrés dans la nuit de samedi à dimanche par des éleveurs musulmans nomades de l'ethnie fulani (peule). Cette tuerie est la dernière d'une série qui a fait au moins 2 000 morts dans la région au cours de la dernière décennie. Elle survient moins de deux mois après une flambée de violences où plus de 300 musulmans avaient été tués par des chrétiens à Jos et dans ses environs.
Hier, l'armée a patrouillé dans les villages de la région, où la situation restait très tendue. De crainte de nouvelles attaques, certains habitants fuyaient les villages attaqués, où de nombreuses femmes et enfants ont été tués à la machette ou brûlés.
Les Berom constituent l'un des principaux groupes ethniques de l'État du Plateau, mais les éleveurs du nord à la recherche de pâturages ont migré au cours des années dans cette région, située entre le nord du pays à majorité musulmane et le sud à majorité chrétienne. Ces migrations ont entraîné des conflits liés à la terre, particulièrement fertile dans cette région. « C'est un conflit entre locaux et nomades, qui a une coloration religieuse », résume Tajudeen Akanji, directeur du Centre pour la paix et la résolution des conflits à l'université d'Ibadan (Ouest). Dans une interview lundi à Radio Vatican, Mgr John Onaiyekan, archevêque catholique d'Abuja, a abondé dans ce sens. « On ne se tue pas à cause de la religion, mais pour des revendications sociales, économiques, tribales, culturelles », a-t-il dit. « C'est ethnique et politique, cela n'a rien à voir avec la religion », analyse pour sa part Sulaiman Nyang, spécialiste de l'Afrique et de l'islam à la Howard University à Washington.
Un député de l'État du Plateau a aussi mis en avant des raisons politiques, évoquant notamment les frustrations de la communauté chrétienne. « À chaque fois qu'il y a une élection, ce sont les Hausa (ethnie musulmane) qui gagnent, c'est beaucoup plus difficile pour les natifs de la région », a indiqué cet élu sous le couvert de l'anonymat. Aucun des administrateurs régionaux n'est berom, a-t-il relevé.
Les lignes de partage ethnique épousant les différences confessionnelles, les violences prennent souvent une coloration religieuse. « Il s'agit du conflit classique entre bergers et agriculteurs, mais les Fulani (les agresseurs) sont tous musulmans et les Beroms (les victimes) sont tous chrétiens », a expliqué l'archevêque d'Abuja. Dans la région de Jos, « les gens ne se battent pas pour le droit ou les lieux de
prière », a rappelé Lateef Adegbite, l'un des porte-parole de la communauté musulmane au Nigeria.
Responsables communautaires, religieux et politiques craignent maintenant le cycle infernal des représailles. Le principal parti d'opposition Action Congress a mis en garde hier contre « l'impunité » dans la région, qui alimente les violences.
La haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay a déclare être de son côté « consternée » par les tueries. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a également condamné hier les violences.
Rivalités ethniques séculaires, conflits liés à la terre et frustrations politiques sont les principales causes de la violence qui ravage régulièrement la région de Jos, dans le centre du Nigeria, estiment des spécialistes.Au moins 500 chrétiens de l'ethnie berom, des cultivateurs sédentaires, ont été...

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