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Diaspora

Les Libanais dans les pays andins : la Bolivie et le Pérou

Vanessa Saba, une « star » libano-péruvienne.

En traversant la route des Andes où les Libanais, à la fin du XIXe siècle, sont montés en masse en passant par l'Argentine et le Chili (voir notre édition de 4 janvier 2010), continuons encore plus loin. Voici la Bolivie, au centre de l'Amérique du Sud, où nous croisons le lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde, à près de 4 000 mètres d'altitude, et enfin le Pérou, sur la côte de l'océan Pacifique.
La Bolivie, dont la capitale est La Paz, est un pays de l'intérieur, sans accès à la mer,  qui a des frontières avec le  Brésil, le Paraguay, l'Argentine, le Chili et le Pérou, et regroupe une grande diversité de population. La majorité de ses habitants sont des Amérindiens, qui côtoient des émigrés japonais, arabes (libanais, syriens, palestiniens),  croates et bien d'autres. L'économie bolivienne est essentiellement basée sur les minéraux (quatrième producteur mondial d'étain), l'industrie du pétrole et du gaz naturel, l'agriculture textile et le tourisme.
Les Libanais et leurs descendants ne forment pas une grande colonie en Bolivie, mais sont bien présents dans la société. Ils proviennent de plusieurs courants de l'émigration libanaise, à partir du Liban directement ou en provenance des pays voisins (réémigration). S'il a été difficile de maintenir le contact avec le Liban, il n'en reste pas moins qu'il existe toujours des descendants de Libanais souhaitant perpétuer les traditions du pays de leurs ancêtres. En 1986 a été ainsi créé l'Institut supérieur d'informatique  « Boliviano-Libanés », à l'initiative des familles Bennati Aré et Simon Haddad ; et ce en hommage aux émigrants libanais Antonio Simon Sihaun, né à Chiah (1878-1952), émigré en 1910, Haziba Haddas Tacla, née à Chiah (1890-1960), émigrée en 1922, Tufic Simon Haddad (1910-1973), émigré en 1922, Fortunato Aré, né au Mont-Liban et décédé en 1970. C'est un centre pédagogique et culturel pour les productions audiovisuelles et les recherches dans ce domaine, qui offre des bourses d'études aux jeunes étudiants. D'autres organismes ont aussi été créés en Bolivie, comme l'Association musulmane qui a construit une mosquée à Santa Cruz de la Sierra et qui possède des branches à Sucre, Cochabamba et La Paz.

De la Bolivie au Pérou
Le Pérou, dont la capitale est Lima, est un pays situé à l'ouest de l'Amérique du Sud, entouré par l'Équateur, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, le Chili et l'océan Pacifique. Au  XIXe siècle, le sud du Pérou a connu une grande prospérité économique avec le commerce de la laine, grâce à la révolution industrielle textile anglaise qui a provoqué une grande demande de matières premières. Plusieurs sociétés anglaises, françaises et allemandes étaient alors installées au Pérou.
Les premiers émigrés libanais se sont concentrés au Sud, et plus précisément à Arequipa, une ville stratégique de par sa localisation entre la région qui produit la laine et le port de Mollendo sur l'océan Pacifique. Arequipa devint un grand centre commercial par lequel transitaient également des produits en provenance de l'Amazonie, comme le cacao, le café, le thé et le caoutchouc. Les émigrés arabes arrivés au sud du Pérou ont appris la langue indigène « Quechua » avant même d'apprendre la langue espagnole, vivant parmi les Amérindiens en pleine montagne et travaillant comme colporteurs (commerce ambulant) en suivant les chemins de fer. Rapidement, ils devinrent très compétitifs sur le marché grâce aux prix réduits qu'ils pratiquaient et à l'application du système de vente à crédit. Les « Turcos »  (Libanais, Syriens, Palestiniens) devinrent source de polémique, relatée dans les écrits des années 1910, leur force s'étendant aux villes d'Arequipa, Sicuani, Cuzco,  Puno, Lima, Machu Picchu...
Par la suite, ils passèrent à la petite industrie du textile, du papier, de la chaussure, et dans les années 1920, ils commencèrent à emprunter le canal de Panama, puis s'installèrent à Lima et dans d'autres régions du pays. On trouve aujourd'hui des noms arabes très communs dans la société péruvienne, comme Luccar (Succar), Mufarech (Moufarrege), Saba, Wardin (Wardini), Kouri (Khoury), Yappur (Jabbour), Herrera (Haddad), Guerra (Harb), Sosin (Sassine)... Plusieurs associations furent également créées comme l'Association libano-péruvienne (1935) à Lima et le « Circulo » social péruviano-arabe (1950) à Chiclayo... La seconde génération a pris la relève, entrant dans les facultés de médecine, de droit, de génie, mais aussi dans la politique, et les « turquitos », comme on les appelle tendrement, ont contribué au développement économique et culturel du pays. Citons le diplomate Manuel Younès  marié à une Péruvienne créole, nommé ambassadeur du Pérou au Liban dans les années 1970, M. Mufarech entré dans la politique et qui a créé en 1982 sa propre formation, Padin (Parti de l'intégration nationale). Et également M. Mansur, élu dans les années 1980 maire d'Iquitos, la principale ville de l'Amazonie péruvienne, et d'autres hommes politiques comme Jorge Mufarech Nemy et Alexander Kuri Bumachar. Et dans le domaine des arts, Vanessa Saba, grande figure du théâtre, du cinéma, de la télévision et de la chanson.

En traversant la route des Andes où les Libanais, à la fin du XIXe siècle, sont montés en masse en passant par l'Argentine et le Chili (voir notre édition de 4 janvier 2010), continuons encore plus loin. Voici la Bolivie, au centre de l'Amérique du Sud, où nous croisons le lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde, à près...