Véritable épicentre du carnaval, la place Saint-Marc est le lieu idéal pour parader dans son costume, même s'il fait un peu frisquet pour Iris, une touriste brésilienne : « Chez nous au Brésil, il n'y a disons pas vraiment de costumes ! Mais ici avec ce froid, c'est bien d'avoir ce genre de robe. » « Ils sont vraiment beaux tous ces costumes des XVIIe et XVIIIe siècles », s'enthousiasme-t-elle.
Le carnaval, tombé en désuétude pendant des décennies, a été remis au goût du jour par la municipalité en 1980 et propose un large éventail d'activités allant du « carnaval des enfants » au « jardin de la créativité » (www.carnevale-venezia.it). Les soirées masquées et costumées, qui permettent à la Sérénissime de s'animer à une période de l'année sinon plutôt morne, ont fait naître toute une industrie, les costumes et surtout les masques représentant une part non négligeable du chiffre d'affaires des commerces vénitiens.
Ainsi, c'est l'affluence dans l'atelier de costumes Pietro Longhi, un des plus célèbres de Venise. Cette année, le maître des lieux, Francesco Briggi, qui a choisi Louis XIV comme source d'inspiration, a découpé, cousu et brodé des dizaines d'habits du Roi Soleil et de robes d'époque. « J'avale tous les jours des livres d'histoire, d'histoire de l'art, des costumes (...) Je suis ainsi capable de mieux conseiller mes clients », explique-t-il. En 15 ans de métier, ce couturier aux doigts d'or a confectionné près de 500 déguisements. Tout est fait à la main et sur-mesure, comme un incroyable habit Henri VIII ou encore un costume d'Arlequin. Il a constaté lui-même un retour en grâce du carnaval auprès de ses compatriotes : « Beaucoup d'Italiens et quelques Vénitiens reviennent à Venise pour la fête et le carnaval, au lieu de partir aux Maldives ou d'aller skier. »
Une fois costumés, on peut participer aux grandes soirées masquées qui émaillent le carnaval et auxquelles les amateurs se préparent des semaines à l'avance. « C'est une sorte d'expérience de se transformer, et de voir les autres se transformer et voyager dans le temps... C'est vraiment très excitant », raconte une touriste anglaise, Judith. « Il faut aimer le costume pour se mettre dans le rôle et aimer les gens autour de soi. Car le carnaval, ici, ça veut dire aussi toujours sourire à ceux qui viennent vous demander de poser avec vous en photo », témoigne Vanessa, une passionnée de carnaval.
Une passion qui n'a pas de prix : pour un costume « made in Venise », il faut compter environ 1 500 euros à l'achat, ou entre 160 et 200 euros par jour à la location.
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