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Diaspora

Le paradis des sens dans l’univers arabo-brésilien de Jorge Amado

Portrait de l’écrivain brésilien Jorge Amado.

Un des grands noms de la littérature brésilienne, Jorge Amado de Faria (1912-2001), naquit à Itabuna, dans l'État de Bahia. Marié à Zelia Gattai, également écrivaine, et père de deux enfants, João Jorge et Paloma, Amado était depuis son enfance lié au monde des paysans et travailleurs brésiliens, mais aussi des immigrés arabes vivant à Bahia, terre des dieux, des danses, du candomblé, « magnifiant la beauté » (sens de « bahia » en langue arabe). Amado lança son premier roman, Le pays du carnaval, en 1931 et devient militant du Parti communiste, alors interdit au Brésil. Suivit une période d'exils successifs en Argentine et en Uruguay (1941), en France et en Tchécoslovaquie (1948-1952), durant laquelle il fut élu - entre deux exils - député à São Paulo (1945), et a été lauréat du prix Lénine pour la paix à Moscou (1951). Il a été par la suite nommé commandeur de la Légion d'honneur par le président Mitterrand (1984) et obtint le prix Del-Duca pour l'ensemble de son œuvre (1990) ainsi que le prix Camões (Portugal - 1994). Ses écrits ont été traduits dans 55 pays en plus de 50 langues différentes, dont l'arabe (éditions Dar al-Farabi, Beyrouth), et plusieurs d'entre eux ont été adaptés au cinéma, au théâtre et à la télévision. La Fondation Jorge Amado à Salvador de Bahia consacre la pérennité de son nom, de son engagement et de ses œuvres.
Si la littérature arabe a influencé la littérature brésilienne, il en a été de même de la littérature brésilienne qui a contribué à la renaissance (nahda) arabe en Orient au début du XXe siècle, avec des écrivains tels que Michel Malouf, Chafic, Fawzi et Riad Maalouf (voir notre édition du 17 décembre 2007), Chucrallah et Akl Jorr, Élias Farhat et, de nos jours, Carlos Nejar, Emil Farhat, Jorge Salomão, Milton Hatoum, Radwan Nassar, Salim Miguel...
Le succès d'Amado vient de son talent de conteur d'histoires débordantes d'humour et de sensualité. Amado donne la parole au peuple brésilien, à ses migrants et à ses immigrés. Interrogé sur son éventuelle origine libanaise - Amado voulant dire Habib, nom de famille libanais très répandu à Bahia -, il nous déclara en 1999 que cela était possible, sans nous le confirmer. Dans ses œuvres apparaissent souvent des personnages arabes, vu qu'il a grandi à Ilhéus, ville brésilienne du littoral sud de l'État de Bahia, où ont afflué à la fin du XIXe siècle des immigrés arabes et qui fut dans le passé le premier producteur de cacao au monde. Dans cette région se sont installées plusieurs familles libanaises, entre autres les Habib, Reaiche, Saad, Atallah, Bechara, Abou Jaoude, Fadoul... L'écrivain Amado a toujours eu une grande admiration pour eux, « qui ont traversé l'océan et ont débarqué dans le pays, devenant rapidement des Brésiliens authentiques ».

Exposition et conférence
Dans le cadre du programme « Beyrouth capitale mondiale du livre », l`ambassade du Brésil et l'Université Saint-Joseph, en collaboration avec le ministère libanais de la Culture, ont organisé le 10 décembre une conférence audiovisuelle sur le « paradis des sens dans l'univers arabo-brésilien de Jorge Amado ». Elle a été présentée par le Dr Claudia Falluh Balduíno Ferreira, brésilienne d'origine arabe et professeure de littérature française à l'Université de Brasília, auteure de romans comme le Voyage d'une Brésilienne en Irak et les Contes pour des femmes de 40 ans. Mme Ferreira a exposé, devant l'ambassadeur du Brésil, Paulo Roberto da Fontoura, et sa femme, ainsi que des membres de la communauté « brasilibanesa » et des étudiants libanais, le thème en question ainsi que l'œuvre choisie pour l'illustrer : Gabriela, cravo e canela (Gabriela, girofle et cannelle), écrite en 1958, raconte l'histoire de Nacib, arrivé d'Orient à l'âge de 4 ans, qui devint propriétaire d'un bar dans la ville d'Ilhéus et eut une relation amoureuse avec Gabriela, une paysanne brésilienne.
« Joie de vivre, exaltation des sens, mariage, trahison et retrouvailles sont les chemins du bonheur et du malheur terrestres, cueillis dans les textes d'auteur comme al-Baghdâdi, Souyoûti et Nafzâwi. Gabriela est-elle la "hourié" du paradis ou bien Shéhérazade ? Une métisse brésilienne ou tout cela à la fois ? Nacib est-il brésilien ou arabe ? C'est bien une réflexion sur la source de l'univers arabo-tropical de Jorge Amado qui n'exclut point une dose de misogynie, mêlée paradoxalement aux plaisirs universels. »

Pour en savoir plus :
- Jorge Amado - « Gabriela, girofle et cannelle », éditions Stock, Paris (en arabe - éditions Dar al-Farabi, Beyrouth)
- Fundação Casa Jorge Amado, Salvador , Bahia - www.jorgeamado.org.br
Un des grands noms de la littérature brésilienne, Jorge Amado de Faria (1912-2001), naquit à Itabuna, dans l'État de Bahia. Marié à Zelia Gattai, également écrivaine, et père de deux enfants, João Jorge et Paloma, Amado était depuis son enfance lié au monde des paysans et travailleurs brésiliens, mais aussi...