Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde

Les négociations dans l’impasse

Le changement climatique constitue « une bombe à retardement pour la sécurité alimentaire dans le monde », prévient l'ONU.
De l'aveu même des délégués, les négociations étaient dans l'impasse hier au sommet climat de Copenhague. « La situation est toujours complètement bloquée. Nous avons quasiment perdu deux journées de négociations », a déploré la secrétaire d'État française à l'Écologie, Chantal Jouanno, à 48 heures de l'échéance fixée pour la conclusion d'un accord que devront adopter demain 120 chefs d'État ou de gouvernement.
Près de 40 chefs d'État ou de gouvernement devaient prendre la parole hier, sans attendre demain comme prévu. Certains étaient déjà arrivés, comme le Premier ministre chinois Wen Jiabao, et ses homologues australien Kevin Rudd, qui a averti qu'il n'y avait « aucune garantie de succès », et britannique Gordon Brown, qui a considéré qu'il serait « très difficile » d'aboutir à un accord. L'Inde a qualifié de « décevants » les chiffres avancés par les pays riches pour lutter contre le réchauffement climatique, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, répétant que rien ne se ferait sans aide chiffrée à long terme aux pays pauvres. L'Australie, la France, le Japon, la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis ont à cet égard annoncé hier soir une aide immédiate de 3,5 milliards de dollars sur trois ans pour lutter contre la déforestation, responsable de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les pays en développement ont accusé à la mi-journée la vice-présidente de la conférence Connie Hedegaard (le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen l'ayant remplacée hier à la présidence) de préparer un texte de négociations ne tenant pas compte des résultats des groupes de travail. En soirée, Mme Hedegaard procédait à de nouvelles consultations restreintes - moins de 10 pays - sur des questions de procédure impliquant une nouvelle suspension des travaux, après s'être entretenue avec des représentants du G77. « La présidence danoise est en train de conduire la conférence à l'échec, par sa volonté de mettre à tout prix une nouvelle base de négociation sur la table sans tenir compte de ce qui existe », s'est insurgée une diplomate de haut rang. La Chine a quant à elle vivement critiqué le manque de transparence de la réunion et le président du Venezuela, Hugo Chavez, s'en est pris avec virulence au capitalisme qui, selon lui, dévaste la planète.
« Les négociations sont en crise. Nous sommes très inquiets de la tournure que prennent ces discussions », a résumé l'ONG Climate Action Network International. « Je suis un tout petit peu soucieux, car il reste tellement de travail à faire. Je crains un nouvel incident, parce qu'alors on aurait du mal à conclure », a confié l'ambassadeur de France pour le climat, Brice Lalonde. « Les pays en développement craignent toujours le coup de force des pays industrialisés, tout cela entraîne beaucoup de tensions », a-t-il commenté. Pour le délégué suisse José Romero : « À ce stade, on ne peut plus guère s'attendre à mieux qu'une déclaration politique avec un mandat pour continuer de travailler. On n'aura pas grand-chose à annoncer (vendredi soir). » Devant le Parlement européen à Strasbourg, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfedlt, qui préside l'Union européenne, a douté que l'on parvienne à Copenhague à atteindre l'objectif affiché d'un réchauffement limité à deux degrés. « Nous avons besoin de (cet) objectif » mais « je ne suis pas certain que nous y parviendrons », a-t-il prévenu.
À ce stade, le seul consensus qui semble émerger concerne une aide immédiate totale de 10 milliards de dollars par an sur trois ans dès 2010 pour aider les plus démunis à faire face aux impacts du réchauffement. L'Union européenne a déjà annoncé qu'elle en assumerait au total 10 milliards à elle seule entre 2010 et 2012. Mais rien n'a été arrêté au-delà.
Le rapporteur de l'ONU pour le Droit à l'alimentation, Olivier de Schutter, a prévenu que le changement climatique constitue « une bombe à retardement pour la sécurité alimentaire dans le monde », où déjà plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim. L'expert a appelé les gouvernements à accélérer la mise en place de politiques environnementales ancrées sur les droits de l'homme pour éviter une aggravation de la crise alimentaire. Selon un rapport récent du Programme alimentaire mondial, le nombre de personnes risquant de souffrir de la faim augmentera de 10 à 20 % supplémentaires d'ici à 2050 à cause du changement climatique.
L'organisation du sommet laissait, elle aussi, à désirer : l'Inde a dénoncé un « bazar intégral », cependant que le micro-État de Tuvalu a comparé la conférence au Titanic et que le Brésil a protesté auprès de la présidence danoise, le chef de sa délégation s'étant vu barrer le passage par un service d'ordre impitoyable.
De l'aveu même des délégués, les négociations étaient dans l'impasse hier au sommet climat de Copenhague. « La situation est toujours complètement bloquée. Nous avons quasiment perdu deux journées de négociations », a déploré la secrétaire d'État française...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut