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Moyen Orient et Monde - Nucléaire

Nouvelles sanctions : comment frapper le régime iranien ?

Le scepticisme règne quant au moyen de mettre en œuvre de nouvelles mesures sans toucher la population.

La communauté internationale menace de nouvelles sanctions pour amener l'Iran à céder sur son programme nucléaire. Aussi importants que les produits visés sont les moyens d'empêcher le détournement des sanctions et la participation loyale de partenaires de poids capables de faire vraiment pression, tels la Russie, la Chine et l'Inde.
À l'ONU, les Occidentaux ont lancé jeudi un appel pressant à l'Iran pour qu'il réponde aux offres de la communauté internationale sur le nucléaire, faute de quoi s'enclencherait rapidement le processus menant à de nouvelles sanctions. L'UE s'est dit prête hier à soutenir « toute action entreprise par le Conseil de sécurité si l'Iran continue de ne pas coopérer avec la communauté internationale au sujet de son programme nucléaire ». Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a indiqué pour sa part hier en Irak qu'il y aurait bientôt des « sanctions additionnelles et significatives » de la communauté internationale contre Téhéran.
En discussion cette fois : des sanctions sur le circuit bancaire, les voyages et les investissements - par exemple sur les capacités de raffinage - ainsi que sur l'importation de produits raffinés, l'Iran important plus de la moitié de son carburant, pour 70 milliards de dollars par an. Pour François Heisbourg (Fondation pour la recherche stratégique), « si ces sanctions étaient prises, cela reviendrait à donner 70 milliards au gouvernement pour faire autre chose ». « Un système de rationnement existe déjà » et en alimentant l'inflation, « cela va punir les pauvres et enrichir les golden boys de la banlieue nord de Téhéran », ajoute-t-il. « L'erreur serait de croire que les difficultés de la population vont faire changer d'avis le régime. Ces sanctions vont peser sur une population qui est en train de manifester, c'est une contradiction totale », estime Thierry Coville (Institut des relations internationales et stratégiques). Elle risque de soutenir davantage le discours pronucléaire du régime, « un des rares sujets sur lequel elle l'écoute encore ». Le ministre français des Affaires étrangères a lui aussi exprimé sa forte réticence face à un embargo sur l'essence, qui pénaliserait une population éprouvée.
Dans cette économie sous embargo, depuis trente ans, des réseaux gèrent des importations parallèles, représentant un tiers des importations officielles et qui sont souvent gérées par les gardiens de la révolution et les fondations religieuses, relève par ailleurs l'expert français. Turquie, Asie centrale, Irak, Pakistan : les frontières de l'Iran sont poreuses. C'est surtout Dubaï qui est une base arrière du commerce iranien, des entreprises y créant des partenariats avec des sociétés installées dans l'émirat.
Des sanctions renforcées sur les flux financiers peuvent certes faire mal. Mais les banques iraniennes, disposant de bonnes réserves en devises, trouvent des banques de second rang - pakistanaises, turques... - pour financer leurs importations, même si ça coûte plus cher, tempère Thierry Coville. Quant aux sanctions sur les investissements, elles doivent être appliquées par tous, d'une PME allemande à un grand investisseur public, chinois par exemple. Des mesures vraiment efficaces pourraient venir de la Chine et de la Russie, mais ce sont aussi les deux pays qui sont les plus réticents.
Quant aux « smart sanctions » visant l'élite du régime, le scepticisme est aussi de mise : il semble difficile de frapper avec la précision suffisante les intérêts de dirigeants qui disposent souvent de sociétés écrans. Pour être efficaces, remarque François Heisbourg, les sanctions devraient durer dix ans ou plus, ce qui ne cadrerait pas avec la nécessité d'agir rapidement sur le programme nucléaire iranien.
Par ailleurs, une nouvelle réunion des directeurs politiques des six grandes puissances chargées du dossier du nucléaire iranien devrait se tenir « prochainement », a déclaré hier le ministère français des Affaires étrangères, en évoquant « une nouvelle séquence » dans l'approche internationale.
La communauté internationale menace de nouvelles sanctions pour amener l'Iran à céder sur son programme nucléaire. Aussi importants que les produits visés sont les moyens d'empêcher le détournement des sanctions et la participation loyale de partenaires de poids capables de faire vraiment pression, tels la Russie, la Chine et...

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