Mais, depuis janvier, la fatigue a gagné la majorité des Américains devant une guerre lointaine, la plus longue de l'ère moderne américaine après le Vietnam. Loin de sembler toucher à sa fin après plus de huit ans, elle connaît son année la plus meurtrière pour soldats et civils. Des groupes antimilitaristes ont annoncé une manifestation à l'entrée principale de West Point hier soir, et d'autres mouvements de protestation dans le pays aujourd'hui. Pour rassurer ses compatriotes, M. Obama devait souligner donc qu'il « ne s'agit pas de construire un pays de toutes pièces ; notre engagement n'est pas illimité ; ce que nous présentons, c'est une stratégie globale pour l'Afghanistan, avec une fin de partie » en vue, a dit son porte-parole Robert Gibbs à la chaîne MSNBC. Personne ne s'attend à ce que les Américains aient quitté l'Afghanistan dans les toutes prochaines années, mais M. Gibbs a insisté sur le choix stratégique de hâter le mouvement : « Nous devons être sur place rapidement, mais il faut bien comprendre que nous ne pouvons pas rester éternellement. »
Après plus de trois mois d'intenses consultations avec ses généraux, ministres et conseillers, M. Obama a conclu que prendre plus de temps condamnait à l'échec, a dit le responsable s'exprimant anonymement. Il s'agit de contrer rapidement la dynamique actuelle des talibans, renverser la tendance, accélérer la formation des forces afghanes afin qu'elles soient plus vite en mesure d'assumer la sécurité nationale. M. Obama voudrait pour cela pouvoir compter sur le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï, source de profonde méfiance à Washington. MM. Obama et Karzaï se sont longuement entretenus de la nouvelle stratégie par vidéoconférence hier.
M. Obama devrait aussi souligner que cette guerre n'est pas seulement l'affaire des Américains, et appeler leurs alliés à dépêcher entre 5 000 et 10 000 soldats de plus, selon des chiffres fréquemment avancés. Le représentant spécial du président français Nicolas Sarkozy pour l'Afghanistan et le Pakistan, Thierry Mariani, a exclu l'envoi de nouvelles troupes de combat au sol. Mais la France pourrait dépêcher des militaires supplémentaires pour la formation de la police et de l'armée afghanes, a-t-il dit. La chancelière allemande Angela Merkel a semblé réserver sa réponse jusqu'à fin janvier et une conférence internationale sur l'Afghanistan. La Grande-Bretagne, elle, a annoncé qu'elle va dépêcher 500 soldats de plus.
M. Obama devrait en outre consacrer une bonne part de son discours au voisin pakistanais de l'Afghanistan, la puissance nucléaire qui a un rôle primordial à jouer dans le combat contre les extrémistes et dont une déstabilisation pourrait être cauchemardesque.
Pour sa part, la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat a mis en garde contre le risque « d'échec à court terme » de la communauté internationale en Afghanistan, pointant une « accumulation d'erreurs », dans un « rapport d'informations » publié hier soir.
commentaires (0)
Commenter