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Moyen Orient et Monde

Renouveler le dialogue sur la sécurité en Europe

Par George PAPANDRÉOU

* George Papandréou, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Grèce, est l’actuel directeur de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

L'année 2009 est une année de grand changement, dans un contexte d'incertitude encore plus grand. Vingt ans après la chute du mur de Berlin, le système de sécurité post-guerre froide de l'Europe est mis à l'épreuve. De longs conflits restent irrésolus et de nombreux nouveaux défis complexes apparaissent. Sécurité énergétique, crime organisé, terrorisme, absolutisme et fondamentalisme, changement climatique et cybercriminalité sont autant de sources d'inquiétude pour chaque pays.
La crise économique a largement entamé la prospérité de nombre d'individus qui sont donc peut-être moins enclins à fournir les efforts nécessaires pour répondre aux défis de sécurité de l'Europe. Mais il ne faut pas oublier que les crises offrent aussi des opportunités de changement. De nombreux développements positifs ont aussi vu le jour durant l'année écoulée. Le moindre n'étant pas la restauration des relations entre deux acteurs-clés du dialogue de sécurité européen : la Russie et les États-Unis. L'Union européenne a récemment œuvré pour une meilleure cohésion et une plus grande unité par la nomination d'un président et d'un haut représentant des Affaires étrangères.
Nous devrions célébrer ces accomplissements, même si nous reconnaissons que de nombreux problèmes restent encore à résoudre. Plusieurs perspectives sont envisageables pour concevoir l'architecture de la sécurité de l'Europe, mais nous sommes tous d'accord sur l'urgence de répondre à ce défi par un dialogue constructif. C'est dans cet esprit de coopération et de rapprochement que 56 ministres des Affaires étrangères, représentant les États-Unis, le Canada, les pays européens, dont la Fédération de Russie et les anciens satellites de l'Union soviétique, ont répondu à mon invitation les 1er et 2 décembre (aujourd'hui et demain) de se réunir à Athènes afin de discuter de l'avenir de la sécurité européenne. Ces discussions seront la suite logique du « Processus de Corfou » qui, sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, débuta avec une rencontre informelle des ministres des Affaires étrangères en juin dernier sur l'île de Corfou.
Prétendant trouver des solutions aux problèmes courants, le Processus de Corfou est une opportunité de se rassembler pour évaluer les lacunes de notre sécurité commune, de définir des réponses plus efficaces aux défis actuels et surtout de générer une nouvelle volonté politique pour une action commune. Ceci comprend des actions pour préserver les modalités de contrôle de l'armement, dont le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe ; mais aussi pour accélérer la résolution des conflits de longue date, pour promouvoir les droits de l'homme et les libertés fondamentales, et pour analyser et trouver des solutions aux différentes menaces, qu'elles soient endémiques ou récentes. Nous ne pouvons nous permettre de laisser perdurer des conflits de longue date comme ceux du Nagorny-Karabakh ou de Transnistrie, comme l'a démontré le conflit géorgien l'année dernière. Les populations qui vivent dans ces zones de conflits ont besoin de paix et de tranquillité, et non d'un statu quo fragile qui peut exploser à tout moment et retomber dans la violence.
Les défis de sécurité dans les régions voisines requièrent aussi une réponse collective. L'Afghanistan en est un exemple flagrant. Et des menaces telles que le terrorisme, le trafic d'armes, de drogue et de personnes, ou le changement climatique sont sans frontières et très complexes. Seule une réponse collective peut être véritablement efficace.
La chute du mur de Berlin a marqué la fin d'une ère de défiance et de division et a ouvert la voie vers une coopération pour une Europe stable et pacifiée. L'Europe revient de loin après ces années de division, mais nous n'avons pas encore totalement récolté les fruits promis par la vague de changement de 1989. La rencontre de l'OSCE à Athènes arrive à un moment critique où les Européens doivent entrer dans le XXIe siècle plus unis que jamais. Nous devons profiter de l'opportunité qui nous est offerte de redonner toute sa force à l'OSCE et de nous engager vers un système de sécurité européen indivisible.

© Project Syndicate, 2009. Traduit de l'anglais par Frédérique Destribats.
L'année 2009 est une année de grand changement, dans un contexte d'incertitude encore plus grand. Vingt ans après la chute du mur de Berlin, le système de sécurité post-guerre froide de l'Europe est mis à l'épreuve. De longs conflits restent irrésolus et de nombreux nouveaux défis complexes apparaissent....

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