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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Bataille sur les contours de la nouvelle diplomatie européenne

Le « service d'action extérieure » de l'UE est un mastodonte de plus de 10 000 fonctionnaires censé rendre sa politique étrangère plus cohérente et plus visible.

D'intenses tractations entourent en Europe la mise en place à partir du 1er décembre du nouveau service diplomatique de l'UE, un mastodonte de plus de 10 000 fonctionnaires censé rendre sa politique étrangère plus cohérente et plus visible. Maintenant que les Européens se sont entendus pour désigner le Belge Herman Van Rompuy premier président de l'UE et la Britannique Catherine Ashton haute représentante aux Affaires étrangères, l'attention est reportée sur les contours du « service d'action extérieure » européen. Ils restent très flous dans le traité de Lisbonne qui lui donne le jour.
« Tout est à définir », a estimé l'eurodéputé conservateur allemand Elmar Brok, négociateur du Parlement européen sur la question. Hier, la ministre suédoise des Affaires européennes, Cecilia Malmström, a indiqué qu'il faudrait attendre « mars ou avril » pour parachever les négociations. « L'institution devra refléter la double casquette de Mme Ashton, à la fois diplomate en chef de l'UE et vice-présidente de la Commission européenne », souligne Graham Avery, analyste au European Policy Centre, un groupe de réflexion bruxellois.
Il s'agit de rapprocher la politique étrangère et de sécurité commune, largement pilotée par les États nationaux, et les autres aspects plus communautaires des relations extérieures, du domaine de la Commission (politique de voisinage, accords d'association...). Bruxelles détenant aussi pour l'essentiel les cordons de la bourse. En pratique, cela se traduira par la fusion des services de l'actuel diplomate en chef de l'UE, Javier Solana, avec ceux de la commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. À ces quelque 7 000 fonctionnaires viendront s'ajouter des diplomates détachés par les services diplomatiques des États, qui représenteront un tiers de l'effectif total. Où s'installera le service ? De quoi s'occupera-t-il ? En l'état des négociations, « le commerce n'en fera en aucun cas partie, et la tendance qui se dessine est également de laisser de côté l'aide au développement », indique M. Brok.
In fine, la définition de ce nouveau service repose en grande partie sur les épaules de Mme Ashton. Face à des États peu enclins à abandonner leur souveraineté, le Parlement européen, qui dispose notamment du pouvoir de contrôle budgétaire et de donner son feu vert à la nomination de Mme Ashton, entend garder un droit de regard maximum. Mais alors que Mme Ashton passe pour ne pas être une très forte personnalité, « tout le monde, que ce soit à la Commission ou du côté des États membres, croit pouvoir la manipuler dans son sens. À la fin, on verra bien qui y parviendra », s'amuse l'eurodéputée écologiste allemande Franziska Brantner. Selon elle, l'UE a vraiment besoin d'une meilleure coordination dans ses actions extérieures et d'améliorer ses capacités en matière de gestion de crise.
À l'étranger en tout cas, l'UE espère se présenter de façon plus unifiée avec la transformation des quelque 120 délégations de la Commission européenne en délégations de l'UE, estime M. Avery. Elmar Brok caresse une ambition encore plus grande : « Elles pourraient devenir de véritables ambassades. » Si la mayonnaise prend, elles pourraient à terme supplanter les représentations diplomatiques des 27, « en commençant par les petits pays », se réjouit l'eurodéputé allemand. À défaut de les supplanter, la rotation des nouvelles générations de diplomates entre leurs institutions nationales et le service européen pourrait « atténuer la rivalité qui existe aujourd'hui entre les diplomaties nationales et l'UE », espère Graham Avery.

Yann OLLIVIER (AFP)
D'intenses tractations entourent en Europe la mise en place à partir du 1er décembre du nouveau service diplomatique de l'UE, un mastodonte de plus de 10 000 fonctionnaires censé rendre sa politique étrangère plus cohérente et plus visible. Maintenant que les Européens se sont entendus pour désigner le Belge Herman Van Rompuy...

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