Des chaperons veilleront sur la réputation des élues

Les conseillères provinciales d'une région chiite du sud de l'Irak, dirigée par le parti du Premier ministre Nouri al-Maliki, seront désormais accompagnées d'un chaperon rétribué par le gouvernorat afin de veiller à leur bonne réputation. « Tous les 28 membres du conseil provincial de Wassit ont voté en faveur de cette décision. J'ai voté par respect des traditions sociales et mes consœurs qui appartiennent à des partis islamiques l'ont approuvée pour des raisons religieuses », a affirmé Alaa Ismaïl Hajem du Parti constitutionnel, formation laïque dirigée par le ministre de l'Intérieur, Jawad Bolani. La décision, prise jeudi dernier, est entrée en vigueur hier. Cette décision a été assez mal accueillie par les habitantes de cette région. Selon la tradition musulmane, une femme ne peut pas voyager sans être accompagnée d'un mahram (chaperon), c'est-à-dire d'un homme qu'elle ne peut épouser comme son père, son grand-père, son fils, son oncle et bien sûr son mari. Le quotidien indépendant Mada tourne en dérision la décision du conseil de Wassit. « Si ces conseillères ne sont pas capables de travailler seules, pourquoi se sont-elles présentées aux élections ? » demande le quotidien dans un éditorial au vitriol. Mada se demande si ce recrutement ne « s'inscrit pas dans le cadre de la complaisance, du favoritisme et des privilèges pour les familles des responsables ». « Peut-on appliquer cette démarche dans les ministères, le Parlement et les différentes administrations ? Pour bien appliquer l'égalité, peut-on recruter des chaperonnes pour les responsables hommes ? Une telle démarche mettrait un terme au chômage », conclut avec humour le quotidien.