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Moyen Orient et Monde - Russie

Des historiens du stalinisme inquiétés par la police

Il y a une volonté de réhabiliter le dictateur soviétique dans le cadre de la politique déclarée de lutte contre les « falsifications de l'histoire ».

Quelle ne fut pas la surprise de Mikhaïl Souproun lorsque la police l'arrêta, dans sa voiture, pour l'interroger sur ses recherches concernant les déportations de masse orchestrées par Staline durant la Seconde Guerre mondiale. Ce professeur d'histoire à Arkhangelsk, dans le Grand Nord russe, eut alors la désagréable expérience de se retrouver entre les mains du FSB (ex-KGB, services spéciaux russes) pour « ingérence dans la vie privée », une accusation « absurde », selon l'intéressé.
Motif du litige : ses recherches sur les déportations de Soviétiques d'origine allemande car Staline douta de leur loyauté durant la guerre qui l'opposa aux nazis de 1941 à 1945. Ces Allemands, qui étaient des descendants d'importantes communautés invitées au XVIIIe siècle en Russie par la Grande Catherine, furent déplacés à partir de 1941 vers les régions les plus reculées et inhospitalières de l'empire soviétique. M. Souproun enquêtait sur le destin de quelque 5 000 de ces déportés, d'origine allemande et polonaise, qui furent envoyés dans la région d'Arkhangelsk, aux limites du Cercle polaire arctique.
« Souproun recueillait les informations sur la vie privée de 5 000 déportés et les membres de leurs familles sans leur permission (...). C'est une violation du droit constitutionnel au respect la vie privée », a expliqué à l'AFP un porte-parole du comité d'enquête du parquet, Svetlana Tarnaeva. Un responsable de la police locale, Alexandre Doudarev, qui a aidé l'historien dans ses recherches, fait également objet d'une enquête, a-t-elle précisé. Le FSB, qui se refuse à tout commentaire, a aussi interrogé les étudiants de M. Souproun, perquisitionné son appartement et saisi son ordinateur et ses archives personnelles. « Ils ont tout emporté, tout ce sur quoi j'avais travaillé pendant ces dix dernières années », a raconté le chercheur, contacté par téléphone par l'AFP.
Historiens, ONG et opposants voient dans cette démarche l'émergence d'une volonté de réhabiliter Staline dans le cadre de la politique déclarée de lutte contre les « falsifications de l'histoire », un cheval de bataille du président russe Dmitri Medvedev et de son Premier ministre Vladimir Poutine. Staline, qui a dirigé l'URSS pendant trois décennies avant de s'éteindre en 1953, reste révéré pour son rôle dans la victoire de 1945, malgré sa responsabilité dans la déportation et la mort de millions de personnes, notamment dans les goulags. Dans un manuel scolaire, approuvé en 2007 par le ministère de l'Éducation russe, le style de gestion pratiqué par le petit père des peuples a ainsi été qualifié d'« efficace ».
L'année dernière, Staline est arrivé troisième d'un sondage télévisé dans lequel les téléspectateurs étaient invités à choisir les plus grands personnages de l'histoire russe. « Tout ça fait partie d'un processus graduel de restalinisation », dit Irina Chtcherbakova, historienne et chercheuse pour l'ONG Memorial. Cette organisation a aussi été visée, son bureau de Saint-Pétersbourg ayant été perquisitionné en décembre 2008, et ses archives saisies par la police.
L'enquête à Arkhangelsk est « un maillon d'une même chaîne d'événements », estime Mikhaïl Souproun, alors que ses recherches étaient le fruit d'un accord conclu en 2007 entre l'Université d'Arkhangelsk, le ministère de l'Intérieur, la Croix-Rouge allemande et l'association des Allemands de Russie. Depuis son dernier entretien avec l'AFP, une interdiction officielle de parler aux journalistes lui a été imposée.
Quelle ne fut pas la surprise de Mikhaïl Souproun lorsque la police l'arrêta, dans sa voiture, pour l'interroger sur ses recherches concernant les déportations de masse orchestrées par Staline durant la Seconde Guerre mondiale. Ce professeur d'histoire à Arkhangelsk, dans le Grand Nord russe, eut alors la désagréable expérience de se...

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