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Moyen Orient et Monde - Reportage

L’offensive au Waziristan du Sud révèle des traces d’el-Qaëda

Des documents saisis prouvent l'engagement de combattants étrangers aux côtés des talibans pakistanais.
Des passeports allemand et espagnol, des ordinateurs portables, des fusils obsolètes et de redoutables mitrailleuses antiaériennes, une perruque... l'armée pakistanaise a mis la main sur un étonnant arsenal dans un bastion des talibans. « Les terroristes étaient équipés du matériel le plus moderne : brouilleurs de communications, connexions Internet par satellites », s'étonne un soldat, au 13e jour de l'offensive terrestre contre les talibans dans le district tribal du Waziristan du Sud.
L'armée s'est emparée de Sherwangi Tor, qui présente l'aspect habituel des villages pachtounes : des maisons entourées de hauts murs de terre séchée aux allures de fortins. Au milieu d'une profusion de fusils, obusiers, roquettes, figurent plusieurs documents saisis, dont les passeports de Saïd Bahaji, un Allemand recherché pour son implication dans la « cellule de Hambourg », qui a préparé les attentats du 11 septembre 2001, et de l'Espagnole Raquel Garcia Burgos, dont le mari Amer Azizi est accusé d'avoir participé aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Ces documents tombent à point pour l'armée pakistanaise, qui assure que les combattants étrangers sont très présents aux côtés des talibans. « Sherwangi était un centre important pour les terroristes étrangers, notamment les Ouzbeks, qui ont livré un rude combat. Nous avons aussi tué des Tchétchènes et des Arabes », affirme le général Khalid Rabbani, commandant la 9e division d'infanterie. « Ils n'ont pas été capables de nous arrêter parce qu'il n'y a aucune comparaison possible entre des terroristes, même entraînés et endurcis, et des soldats professionnels. Nous les surclassons », assure-t-il.
Les quelque 30 000 soldats sur le terrain bénéficient il est vrai de l'appui d'avions de combat, d'hélicoptères d'attaque et de tirs d'artillerie lourde. Selon un bilan diffusé par l'armée et impossible à vérifier, 31 soldats et plus de 275 insurgés ont été tués. Sur place, la région semble déserte... plus de 200 000 habitants ont fui l'offensive. « L'ennemi a forcé les civils à partir. Cela nous facilite la tâche. Sinon, il est très difficile de faire la différence entre amis et ennemis », estime le lieutenant-colonel Kashif Khan, commandant le bataillon d'infanterie légère des « Léopards des neiges ». « Aucun civil n'a été tué ou blessé », se réjouit le général Rabbani, alors que le Comité international de la Croix-Rouge a estimé, sur la base de témoignages, que le nombre de victimes civiles augmentait de manière préoccupante.
Les zones des combats sont inaccessibles et les communications téléphoniques brouillées par l'armée. Dans un décor aride et montagneux, où le plus haut pic s'élève à plus de 3 500 m, le contrôle des hauteurs est vital, comme lors de la prise le 24 octobre de Kotkai, village natal du chef du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), Hakimullah Mehsud. « D'abord, nous avons dû nous emparer des crêtes qui surplombent le village. Chaque colline était défendue par des bunkers, mais une fois que nous les avons pris d'assaut, nous sommes entrés sans combat dans la vallée », raconte le général Mohammad Shafiq.
Mais si le Pakistan combat les rebelles dans le Waziristan du Sud, il a conclu des accords avec les combattants du Waziristan du Nord, voisin, engagés aux côtés des talibans afghans, en majorité des Pachtouns comme eux, contre les forces internationales en Afghanistan. Aucune armée au monde n'a été capable de vaincre l'ensemble des tribus du Waziristan sur leur propre territoire, où même les soldats pakistanais, majoritairement originaires des plaines du Penjab, sont considérés comme des envahisseurs. « Pour nous, au-delà de Jandola (à la limite du Waziristan du Sud), tous les gens sont des étrangers », témoigne un habitant.

Thibauld MALTERRE (AFP)
Des passeports allemand et espagnol, des ordinateurs portables, des fusils obsolètes et de redoutables mitrailleuses antiaériennes, une perruque... l'armée pakistanaise a mis la main sur un étonnant arsenal dans un bastion des talibans. « Les terroristes étaient équipés du matériel le plus moderne : brouilleurs de...

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