Installé à Barcelone depuis 1967 où, parallèlement à son activité de graphic designer, récompensée de plusieurs prix, il enseigne, América Sanchez mène aussi de front un travail de recherche et d'expérimentation dans différentes sphères de l'image. Aussi bien la photo que le photomontage et la vidéo. Il a également en chantier un projet de création des archives (électroniques) consacrées aux arts graphiques populaires en provenance de tous les coins du monde.
Cet artiste, qui a lui-même photographié au cours de ses nombreux voyages, depuis 1960 à nos jours, le travail de peintres, graphistes et calligraphes, « anonymes, non professionnels, issus aussi bien de régions urbaines que rurales », présente, dans le cadre de « Tutti Frutti », une sélection de 200 de ses clichés, regroupant plusieurs thèmes (figure humaine, botanique, faune, façades, aliments, iconographie diverse...), qui montrent la diversité du graphisme populaire à travers le monde.
« Ce graphisme populaire peint à la main est en train de se perdre », signale Sanchez. « Et avec lui, c'est une partie du patrimoine culturel qui disparaît. D'autant que le graphisme sur ordinateur n'a pas les mêmes qualités d'inventivité, de liberté et de création que celui fait manuellement », affirme le designer ibérique.
Qui appelle donc les professionnels à se mobiliser pour sauver ce patrimoine, en photographiant partout les affiches, images et peintures populaires qui se trouvent sur leur chemin. Pour s'en inspirer dans leur travail de création - « Cela leur permet de remettre en question la domination du goût unique », dit le designer -, mais aussi pour participer à son grand chantier d'archivage, où manque jusqu'à présent le volet libanais. Avis donc aux intéressés. Des informations complémentaires sur ce dernier point seront données par América Sanchez au cours de la conférence de ce soir.
* Au département d'architecture et de design de l'AUB, bâtiment Dar el-Handassah.
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