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Le Pakistan veut apaiser l'Iran pour ne pas enflammer une nouvelle frontière

Le Pakistan, dont l'attention est toute entière tournée vers ses frontières avec l'Inde et l'Afghanistan, s'est engagé dans un processus d'apaisement avec Téhéran, ne pouvant pas prendre le risque de créer des tensions supplémentaires à ses confins.

Téhéran affirme que les responsables de l'attentat qui a tué le 18 octobre 42 personnes, dont 15 membres des Gardiens de la Révolution, se cachent au Pakistan, d'où ils s'infiltrent en Iran pour mener leurs actions armées.

Le Pakistan a de son côté fermement condamné l'attentat survenu à Pishin dans la province du Sistan-Balouchistan (sud-est de l'Iran).

Vendredi, le ministre pakistanais de l'Intérieur Rehman Malik a assuré à Islamabad son homologue iranien Mostafa Mohammad Najjar que "le Pakistan ne permettra jamais que son territoire soit utilisé pour mener des actions terroristes".

L'attentat a été revendiqué par le groupe sunnite Joundallah (les Soldats de Dieu), créé en 2000, qui a lancé depuis cinq ans une insurrection contre le régime chiite iranien. Il s'agit, de loin, de l'action la plus spectaculaire d'un mouvement plus habitué aux harcèlements de garnisons isolées.

De hauts responsables iraniens ont d'ailleurs évoqué une implication des services secrets pakistanais, britanniques et américains dans l'attentat.

Téhéran est persuadé que le chef de Joundallah, l'Iranien Abdolmalek Righi, vit au Pakistan, ce qu'Islamabad a toujours nié.

Des analystes jugent que le Pakistan ne souhaite surtout pas irriter l'Iran, alors que son armée mène une offensive contre les talibans dans les zones tribales proches de l'Afghanistan, tout en gardant des forces considérables en ligne face à l'ennemi traditionnel indien.

D'autant plus que Joundallah se pose en défenseur des Balouches, présents des deux côtés de la frontière, au Pakistan comme en Iran.

Et le Balouchistan pakistanais, dans le sud-ouest du pays, est déjà en proie à des troubles liés à une agitation séparatiste, une insurrection islamiste et des affrontements confessionnels entre sunnites et chiites.

"Si l'Iran s'engage dans un soutien aux insurgés Balouches au Pakistan, parce qu'elle croit que les services pakistanais sont derrière l'attentat de Pishin, il en résultera une profonde instabilité au Pakistan", estime Munsoor Akbar Kundi, journaliste au quotidien Dawn.

"Nous avons déjà des problèmes avec l'Inde et l'Afghanistan et nous ne pouvons pas nous permettre de nous fâcher avec l'Iran, qui s'est montré jusqu'à présent un ami fiable", a-t-il ajouté.

Le commandant des forces terrestres des Gardiens de la révolution, le général Mohammad Pakpour, n'a pas exclu mardi des frappes au Pakistan contre les fiefs des activistes si les démarches diplomatiques échouaient.

"Le gouvernement pakistanais va donc prendre toutes les mesures diplomatiques et concrètes nécessaires pour convaincre les Iraniens que nous ne sommes pas derrière Joundallah", a estimé Faiza Mir, enseignante à l'université de Quetta, au Balouchistan.

Islamabad a déjà agi dans ce sens dans le passé. Le frère du chef de Joundallah, Abdolhamid Righi, avait été remis par le Pakistan à l'Iran en juin 2008. Présenté aux journalistes en août dernier, il avait "avoué" que le Joundallah était lié à Al-Qaïda et aux Etats-Unis.

Abdolmalek Righi assure de son côté ne pas combattre pour l'indépendance des Balouches mais pour la défense de leurs droits, ainsi que de ceux des sunnites, qu'il estime traités comme des citoyens de seconde classe en Iran.

Il avait revendiqué disposer en 2008 de plus de 600 hommes armés.

Le Pakistan, dont l'attention est toute entière tournée vers ses frontières avec l'Inde et l'Afghanistan, s'est engagé dans un processus d'apaisement avec Téhéran, ne pouvant pas prendre le risque de créer des tensions supplémentaires à ses confins.
Téhéran affirme que les responsables de l'attentat qui a tué le...