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Turquie-Arménie : un nouvel atout pour Ankara dans sa candidature à l'Europe

En se réconciliant avec l'Arménie, la Turquie a sorti un nouvel atout, dans la partie difficile qui, espère-t-elle, aboutira à son adhésion à l'Union européenne.

"La Commission considère qu'il s'agit d'un pas courageux (...) vers la paix et la stabilité dans la région du sud du Caucase, et d'une décision vraiment historique montrant que les deux parties sont prêtes au compromis", a indiqué la Commission européenne après la signature, samedi à Zürich, par la Turquie et l'Arménie, d'accords visant à normaliser leurs relations bilatérales, empoisonnées depuis près d'un siècle par la question du "génocide".

Et quelques heures avant la signature, le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Javier Solana, présent à la cérémonie, a été plus explicite.

Ces accords, qui prévoient d'établir des relations diplomatiques et de rouvrir la frontière commune, seront "également importants pour les pays impliqués, dans leurs relations avec nous", a-t-il déclaré, rappelant la candidature de la Turquie à l'UE.

Turquie et Arménie vivent dans l'hostilité depuis près de cent ans, sur la question des massacres d'Arméniens par les Turcs ottomans, durant la Première guerre mondiale. Pour Erevan, ces massacres ont constitué un génocide, terme que refuse catégoriquement Ankara.

"En signant ces accords avec l'Arménie, les Turcs retirent un argument de poids aux opposants à une adhésion turque à l'Europe. La Turquie devient un interlocuteur de plus en plus incontestable", estime l'analyste turc Mehmet Ali Birand.

Les négociations en vue d'une adhésion turque ont commencé en 2005 mais elles piétinent, notamment sur la question de Chypre, et deux poids lourds de l'UE, l'Allemagne et la France, sont fermement opposés à l'entrée de la Turquie, un pays de 71 millions d'habitants, presque exclusivement musulmans.

Cette avancée historique avec l'Arménie survient trois mois après la signature à Ankara du projet Nabucco, analysé à son heure comme un argument économique de poids d'Ankara dans sa candidature à l'Europe.

Le pipeline transportera en effet du gaz d'Asie en Europe via la Turquie, réduisant la dépendance européenne vis-à-vis de la Russie.

Dans son rapport annuel sur la Turquie, dont le Financial Times Deutschland vient de publier des extraits, la Commission européenne cite d'ailleurs le projet Nabucco au chapitre des "bons points" attribués à Ankara.

Et la présidence de l'UE n'avait pas manqué de souligner "l'intérêt stratégique commun" de l'Europe et de la Turquie, au moment de la signature de Nabucco.

En visite la semaine dernière en France, le président turc Abdullah Gül en a profité pour tendre la perche Nabucco à son homologue Nicolas Sarkozy, qui n'a pas pourtant pas fléchi dans son opposition à une adhésion turque à l'UE.

"Les entreprises françaises sont les bienvenues dans ce projet", dont le groupe français GDF-Suez avait jusque là été écarté, a proposé M. Gül.

"L'Europe reproche à la Turquie de ne pas aller assez vite dans ses réformes intérieures, mais les Turcs avancent dans d'autres domaines. Il y a Nabucco, l'Arménie, les réformes en faveur des Kurdes, le rôle que joue la Turquie entre l'Iran et l'Occident... Tout cela pour dire aux Européens: Nous sommes pour la paix dans la région, nous sommes des interlocuteurs incontournables", explique M. Birand.

En se réconciliant avec l'Arménie, la Turquie a sorti un nouvel atout, dans la partie difficile qui, espère-t-elle, aboutira à son adhésion à l'Union européenne.
"La Commission considère qu'il s'agit d'un pas courageux (...) vers la paix et la stabilité dans la région du sud du Caucase, et d'une décision vraiment...