Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, confirmant des informations révélées plus tôt par le Wall Street Journal, avait auparavant promis l'annonce « d'un ajustement majeur » du système de défense antimissile européen, qui prévoyait jusqu'ici le déploiement d'ici à 2013 d'un radar en République tchèque et d'intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne. La menace de missiles iraniens de longue portée n'est « pas aussi immédiate qu'imaginé auparavant », a indiqué hier également le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, pour justifier l'abandon du projet actuel. « Le projet précédent reposait sur l'estimation selon laquelle l'Iran était déterminé à développer un programme de missiles à longue portée (ICBM) » mais « d'après les derniers renseignements, ils sont beaucoup plus concentrés sur le développement de capacités de courte et moyenne portée », a expliqué Geoff Morrell. Washington compte en conséquence déployer en 2015 en Pologne et en République tchèque des missiles SM-3, conçus pour détruire des missiles balistiques à courte et moyenne portée, dans le cadre de leur nouveau système antimissile, a expliqué M. Gates.
L'annonce de l'abandon du projet datant de l'ère Bush a immédiatement suscité la désapprobation d'élus républicains du Congrès, à l'image du sénateur John McCain, pour qui cette décision « unilatérale est une grave erreur » qui « risque de saper la perception du leadership américain en Europe de l'Est ». Le Pentagone s'est défendu de céder aux exigences de Moscou, qui s'est toujours dit farouchement opposé au projet. La Maison-Blanche a aussi démenti un quelconque marchandage avec la Russie. « Absolument pas », a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, « non, ce n'est pas de la Russie qu'il s'agit ici ». « Il s'agit de protéger la patrie, il s'agit de protéger nos soldats déployés à l'étranger (...) et il s'agissait d'assurer la défense de nos alliés, nos alliés européens et de l'OTAN », a-t-il dit. De son côté, Moscou a également nié avoir conclu tout accord secret en échange de la décision américaine, que le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, a qualifiée de « signe positif ». Pour sa part, le président russe, Dmitri Medvedev, a salué la « décision responsable » de M. Obama et déclaré qu'il y a maintenant de « bonnes conditions » pour une coopération antimissile russo-américaine.
En Pologne et en République tchèque, les réactions de déception ont été immédiates. « Si cela se confirme, ce serait un échec de la réflexion à long terme de l'administration américaine dans cette partie de l'Europe », a déclaré à la télévision TVN24 Aleksander Szczyglo, le chef du bureau pour la sécurité nationale de la présidence polonaise. « Ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'État tchèque, pour la liberté et l'indépendance de la République tchèque », a déclaré l'ex-Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le gouvernement de centre-droit avait signé avec Washington un accord sur l'installation dans son pays d'un radar. Pour leur part, le Premier ministre polonais et le président tchèque ont pris acte de la décision des États-Unis, se montrant néanmoins optimistes sur la sécurité de leurs États et l'avenir de leurs relations avec Washington.
En outre, M. Obama a tenté hier de rassurer les alliés européens des États-Unis au sein de l'OTAN, en déclarant que leur protection sortirait renforcée par la révision du projet. Sur ce point, l'OTAN a répliqué disant qu'elle allait examiner les conséquences de l'abandon du projet actuel.
commentaires (0)
Commenter