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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Un come back … en l’absence de signes de déblocage

Voilà, c'est fait. Après avoir été Premier ministre désigné pendant 73 jours, puis député chef de la majorité parlementaire durant moins d'une semaine, Saad Hariri est de nouveau à la tête d'un très hypothétique nouveau gouvernement. Alors aujourd'hui, quels choix s'offrent à ce jeune Premier ministre à l'heure où nombre de ses alliés, mais également de ses détracteurs, l'avaient presque « supplié » de ne pas se récuser « aussi vite », à en croire une source bien informée.
Tout le monde, côté majorité, et Nabih Berry, côté minorité, avaient souhaité que Saad Hariri fasse preuve de plus de patience, mais ce dernier estimait sans doute qu'en se récusant il causerait un choc positif qui pousserait les deux camps à trouver un minimum de points communs de manière à hâter la naissance du gouvernement.
Mais, contre toute attente, Nabih Berry a décidé de tirer son épingle du jeu en s'abstenant purement et simplement de nommer M. Hariri à la tête du prochain gouvernement, et allant même jusqu'à refuser de donner le choix au président de la République Michel Sleiman de nommer qui bon lui semble. De facto, le crédit politique de M. Hariri s'en est trouvé sérieusement écorné puisqu'il n'a récolté, mardi dernier et hier, qu'un total de 73 voix, contre les 86 qu'il avait réussi à rafler lorsqu'il a été désigné pour la première fois, en juin dernier. Seul rare point positif, les Arméniens ont tous opté pour Saad Hariri contrairement aux autres pôles de l'opposition qui se sont tous, sans exception, abstenus de se prononcer en sa faveur.
De Hariri I à Hariri II, même les observateurs les plus pointilleux ne voient pas vraiment ce qui a changé et ce qui va faciliter la naissance d'un gouvernement qui, c'est certain, ne verra plus le jour avant le départ de Michel Sleiman à New York où il doit prendre part à l'Assemblée générale des Nations unies et soutenir l'adhésion du Liban au club très fermé des membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. De source diplomatique citée par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane, on estime désormais que la formation du gouvernement va s'étaler dans le temps à cause de l'évident blocage qui subsiste au niveau du ministère des Télécommunications, la minorité insistant toujours pour l'octroyer à Gebran Bassil, ministre des Télécoms sortant, pendant que la majorité estime qu'il est de son droit le plus absolu de nommer qui bon lui semble à un poste aussi stratégique. Dans ce contexte, le bloc de la Rencontre démocratique a tenté hier de démêler cet inextricable écheveau de conditions et conditions réciproques en proposant, par le biais du ministre des Travaux publics sortant Ghazi Aridi, de donner le portefeuille des Télécoms au président de la République, quitte à octroyer un autre ministère à Gebran Bassil, mais le camp Hariri a opposé une fin de non-recevoir à cette suggestion, qui aurait toutefois au moins eu le mérite de déceler les desseins réels de l'opposition et de désigner la partie véritablement responsable du blocage. Une source informée a toutefois confié qu'une partie versatile de la majorité ne comprend plus très bien à l'heure qu'il est les motifs qui continuent de pousser Saad Hariri à ne pas lâcher du lest sur la question de la nomination des candidats malheureux aux élections à des postes ministériels. Même si les Télécoms semblent un poste-clé dont la maîtrise par la majorité pourrait éventuellement servir à déjouer d'éventuels nouveaux attentats, il n'en reste pas moins que chaque camp politique bénéficie, dans les faits, de son propre système d'écoutes et de renseignements, poursuit la source précitée, ce qui réduit considérablement l'avantage sécuritaire que pourrait représenter ce ministère tant convoité par les deux camps.
Ainsi, et même si dans son allocution, préalablement rédigée, Saad Hariri a abordé l'étape à venir en usant d'un champ lexical plutôt axé sur le calme et sur le dialogue, son refus d'entériner la proposition de la Rencontre démocratique démontre déjà, et assez prématurément il faut le reconnaître, les limites de cette deuxième opération séduction tout juste amorcée par le chef de la majorité parlementaire, alors qu'il l'avait lui-même affirmé au cours d'un de ces iftars donnés à Koraytem : « Le pays est bien plus important » que n'importe quel individu...
Tout le monde, côté majorité, et Nabih Berry, côté minorité, avaient souhaité que Saad Hariri fasse preuve de plus de patience, mais ce dernier estimait sans doute qu'en se récusant il causerait un choc positif qui pousserait les deux camps à trouver un minimum de points communs de manière à hâter la naissance du...