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Moyen Orient et Monde - Russie

Medvedev dénonce les « meurtres politiques » et exige des résultats

Le président a rencontré hier la chancelière allemande, Angela Merkel, pour des entretiens portant sur les relations bilatérales et les droits de l'homme.
La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président russe, Dmitri Medvedev, ont eu des entretiens hier à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. La situation des droits de l'homme en Russie et l'économie ont été au centre des discussions entre les deux dirigeants, qui se sont retrouvés dans la résidence d'été de M. Medvedev.
À l'issue de cette rencontre, le président russe a dénoncé les « meurtres politiques » au Caucase, qui connaît un regain de violences. « Toute la série de meurtres politiques et tentatives de meurtres a pour objectif de déstabiliser la situation dans le Caucase », a déclaré M. Medvedev en évoquant les récents assassinats de défenseurs de droits de l'homme en Tchétchénie et l'attentat contre le président de l'Ingouchie, deux républiques instables du Caucase. Élucider ces crimes et capturer leurs auteurs « est une tâche commune pour toutes les autorités, et pas seulement les autorités fédérales », a souligné M. Medvedev. Deux militantes d'ONG russes, Zarema Sadoulaeva et Natalia Estemirova, ont été assassinées en moins d'un mois et demi en Tchétchénie, où des représentants de ces organisations ont déploré que leur travail soit de plus en plus difficile. M. Medvedev s'est adressé en particulier au président tchétchène, Ramzan Kadyrov, en lui demandant de « tout faire pour retrouver et démasquer les meurtriers ».
La chancelière allemande a elle aussi exigé que « tout soit mis en œuvre » pour retrouver les auteurs de ces actes, ajoutant que M. Medvedev lui avait « assuré que ce serait le cas ».
Les enquêtes ouvertes pour ces deux assassinats n'ont jusqu'ici rien donné, tandis qu'un membre de l'ONG Memorial a accusé M. Kadyrov d'être derrière l'homicide de Natalia Estemirova fin juin, ce que le président tchétchène a nié. Zarema Sadoulaeva avait été enlevée et tuée début août avec son mari. La plupart des meurtres de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes, dont celui d'Anna Politkovskaïa, n'ont jamais été élucidés, sans parler des enlèvements et des meurtres qu'ils dénonçaient.

« Guerre civile latente » au Caucase ?
Les déclarations de M. Medvedev interviennent alors qu'un regain de violence a été constaté dans des républiques du Caucase en proie à une rébellion islamiste et séparatiste aux coutours mal définis. Au moins vingt-deux personnes y ont été abattues cette semaine, parmi lesquelles sept femmes tuées par balles au Daguestan. En Ingouchie, le président, Iounous-Bek Evkourov, avait été grièvement blessé dans un attentat perpétré fin juin. Il avait été nommé à la tête de l'Ingouchie en octobre 2008 pour tenter de stabiliser cette république frontalière de la Tchétchénie. Mercredi, le ministre ingouche de la Construction, Rouslan Amerkhanov, a été tué par balles par des inconnus qui ont fait irruption dans son bureau.
La situation dans le Caucase est « hors de tout contrôle et empire chaque jour », estime Grigory Chvedov, rédacteur en chef de Caucasianknot.info, un portail Internet spécialisé dans la couverture du Caucase. « En termes de statistiques, on a constaté une forte hausse de la violence après l'arrêt de l'opération antiterroriste en Tchétchénie », a-t-il ajouté. Moscou avait décidé en avril de mettre un terme à l'opération antiterroriste en vigueur en Tchétchénie depuis près d'une décennie, le Kremlin estimant que M. Kadyrov avait la situation bien en main. Mais aux yeux de l'expert du Caucase Alexeï Malachenko, la fin de l'opération antiterroriste met en relief l'échec de cette opération conduite par les services de sécurité russes. « L'opposition islamiste apparaît plus forte qu'elle ne l'a été. Le régime antiterroriste n'a donné aucun résultat concret », constate M. Malachenko. « Je pense que ce qui se passe actuellement montre que la résistance est très forte », a-t-il observé, en évoquant des violences quotidiennes. Et d'ajouter : « Cette situation est en fait une guerre civile latente. »
En outre, M. Medvedev et Mme Merkel ont discuté de plusieurs projets d'investissements qui permettraient de préserver des emplois en Allemagne et de réformer une économie russe peu diversifiée. Ils ont indiqué, lors d'une conférence de presse, avoir notamment parlé du rachat du constructeur automobile allemand Opel et de la possibilité pour des investisseurs russes d'entrer dans le capital du chantier maritime Wadan Yards ou du fabricant de semi-conducteur Infineon. Plusieurs journaux russes ont estimé que ces éventuelles opérations n'avaient pas beaucoup de sens économiquement parlant pour les Russes, mais pourraient aider Angela Merkel face à des tensions sociales suscitées par la perspective de licenciements massifs en Allemagne, à l'approche des élections législatives du 27 septembre.
D'autre part, le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, a évoqué hier « l'ingérence » russe dans les affaires intérieures de l'Ukraine, après la violente charge mardi de Dmitri Medvedev contre la politique « antirusse » de Kiev. « L'Ukraine définira de manière indépendante, sans ingérence extérieure, sa politique extérieure et intérieure », a fait valoir Mme Timochenko dans une déclaration diffusée par son service de presse. « Nous sommes prêts à écouter l'opinion de nos partenaires dans l'Est et dans l'Ouest, de tenir compte de leurs intérêts, mais l'ingérence dans nos affaires intérieures est inacceptable », a-t-elle poursuivi.

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président russe, Dmitri Medvedev, ont eu des entretiens hier à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. La situation des droits de l'homme en Russie et l'économie ont été au centre des discussions entre les deux dirigeants, qui se sont retrouvés dans la résidence d'été de...

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