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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Le déblocage gouvernemental tributaire du retour de Hariri à Beyrouth

Une reprise de plus belle des échanges de menaces entre Israël et le Hezbollah, une brève mutinerie à la prison de Roumieh, de graves incidents à la frontière libano-syrienne sur un secteur non encore délimité entre les deux pays... et un Premier ministre désigné aux abonnés absents. Saad Hariri n'est pas revenu, comme l'avaient pourtant prévu les milieux du 14 Mars, il y a de cela quelques jours.
Depuis la fameuse déclaration dominicale de Walid Joumblatt et le départ du chef du Courant du futur à l'étranger, officiellement pour des vacances « en famille », la problématique de la formation du gouvernement semble avoir été faussée. Toute l'attention est désormais concentrée d'abord sur le retour de M. Hariri, ensuite sur une éventuelle rencontre entre ce dernier et M. Joumblatt. Il n'y a pas si longtemps que cela, l'opinion publique libanaise tentait de se passionner tant bien que mal pour une réunion entre le chef du PSP et le député Michel Aoun. Celle-ci est passée au second plan puisqu'elle n'est plus vraiment la priorité du leader druze et que l'urgence politicienne consiste aujourd'hui à rabibocher les alliés d'hier au lieu de réconcilier des rivaux politiques considérés comme « traditionnels ». En brouillant les cartes, le repositionnement de M. Joumblatt a eu beaucoup plus d'impact - négatif - sur la formation du gouvernement qu'on ne veut bien l'admettre. « L'influence syrienne au Liban est croissante. La majorité n'existe pratiquement plus, le rapport de force interne a changé », soulignait hier à cet égard une source informée. Voici, en pratique, la traduction du repositionnement d'un des pôles de l'alliance du 14 Mars, et ce en dépit de toutes les déclarations contraires qui ont été faites, notamment après le passage du ministre saoudien et ancien ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Abdelaziz Khoja.
De source informée, on estime que le Premier ministre désigné ne rentrera pas au Liban tant qu'il n'aura pas décelé une réelle volonté de faire avancer les choses sur le plan gouvernemental. Une autre source proche de la majorité a de son côté confié que M. Hariri serait susceptible de rejoindre Beyrouth « dans les prochaines heures ». Le ministre saoudien Abdelaziz Khoja est allé dans le même sens hier. Mais cela, Samir Jisr l'avait déjà prédit la semaine dernière. Alors, qu'en est-il de cette impression de vide ? Est-elle délibérément distillée ? Une source proche de la majorité indique en outre qu'à partir de maintenant, M. Hariri « a besoin de garanties concernant l'avenir du gouvernement qu'il compte former ». « Il a besoin d'être rassuré, de savoir que le gouvernement qu'il va mettre sur pied ne va pas être paralysé dès que le moindre petit problème surgira », poursuit-elle. Ces garanties portent sur une palette de sujets, notamment les armes de la résistance, la délimitation des frontières libano-syriennes - et les incidents d'hier rendent cette question encore plus pressante - ainsi que sur les relations libano-syriennes. Reste à savoir comment celles-ci pourront être obtenues, surtout que le rôle positif joué jusque-là par l'Arabie saoudite dans le dossier gouvernemental local semble avoir atteint ses limites. De source informée, la visite de l'ambassadeur saoudien Saïd Assiri au palais de Baabda aurait été axée sur cette idée-là. Paradoxalement, le quotidien an-Nahar annonçait hier un climat « propice » à une rencontre entre MM. Hariri et Joumblatt. Une fois que celle-ci aura lieu, M. Hariri devra se rendre auprès du président de la République, Michel Sleiman, puis à Rabieh pour tenter de trouver un compromis avec Michel Aoun qui continue, selon la majorité, à poser des conditions très difficiles à satisfaire.
Un autre - dernier ? - obstacle se dresse sur l'interminable chemin de Saad Hariri, qui le mènera - peut-être ? - au Sérail : la formule gouvernementale sur laquelle tout le monde était d'accord est de nouveau au centre de toutes les discussions. Ainsi, au moment où Nabih Berry s'empressait hier de souligner que, malgré le revirement de M. Joumblatt, « la formule 15-10-5 ne changera pas », Amine Gemayel relevait qu'il devenait nécessaire de trouver « une nouvelle formule gouvernementale » pour mettre en place le nouveau cabinet. S'exprimant à ce sujet, Sélim Sayegh a d'ailleurs indiqué qu'il n'était pas question de former un gouvernement de « technocrates », comme le souhaitent certaines parties, mais qu'il fallait désormais songer à une formule regroupant les ténors de la scène politique. En effet, et partant du principe que les limites de la majorité sont aujourd'hui rendues très floues à la lumière des récents développements, un gouvernement de technocrates dans un cabinet destiné à fonctionner uniquement à coups de compromis permanents dès qu'une question plus ou moins importante nécessite d'être traitée ne serait pas à même de faire avancer les choses. C'est pour cela qu'il est nécessaire de regrouper les ténors au sein du gouvernement, sachant que la table de dialogue elle-même n'a jamais été d'une redoutable efficacité. Il reste que, près de deux mois après sa nomination, Saad Hariri n'a pas encore réussi à rallier l'ensemble de la classe politique afin de former un gouvernement viable. Il est aujourd'hui utile d'espérer que ceux qui prédisent un déblocage et la naissance du gouvernement « dans un délai maximal de 10 jours » détiennent la bonne information.
Depuis la fameuse déclaration dominicale de Walid Joumblatt et le départ du chef du Courant du futur à l'étranger, officiellement pour des vacances « en famille », la problématique de la formation du gouvernement semble avoir été faussée. Toute l'attention est désormais concentrée d'abord sur le retour de...