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"Ciels" de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu'oppressant

Le Festival d'Avignon a créé samedi soir "Ciels" de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu'oppressant, par lequel l'auteur et metteur en scène libano-québécois renouvelle son bouleversant théâtre de la narration et de la filiation.

A l'affiche jusqu'au 29 juillet, cette pièce vient clore un quatuor ("Le Sang des promesses") dont les trois premiers volets, mis bout à bout, ont fait vivre des nuits épiques (de 20h00 à 7h30) aux spectateurs de la Cour d'honneur du Palais des papes, en début de festival.

"Artiste associé" de ce 63e festival, Wajdi Mouawad a mis en scène "Littoral", "Incendies" et "Forêts" dans un rapport traditionnel (frontal) au public, et à partir d'une écriture épique avant tout portée par ses acteurs.

Sur ces points, le jeune quadragénaire innove avec "Ciels". Déjà, le spectateur se voit "assigner" -- le mot évoque une privation de liberté -- l'une des quatre portes d'accès à la salle, une boîte blanche aménagée dans un bâtiment sans âme du parc des expositions d'Avignon.

Les spectateurs ne sont que les statues bien alignées d'un jardin constituant un espace à part, au milieu d'un bâtiment-bunker où sont enfermés cinq espions chargés de déjouer, en écoutant des messages émis dans une multitude de langues, un projet d'attentat terroriste.

En narrateur brillant, Mouawad amène le spectateur à élucider un autre mystère, celui de la mort d'un des agents secrets, dont on apprendra qu'il était le père du cerveau de l'organisation terroriste (ni islamiste ni anarchiste, mais poétiquement inspirée par "L'Annonciation" du Tintoret...).

Du théâtre politique ? L'auteur, certes, n'est pas tendre avec la paranoïa sécuritaire des sociétés occidentales, mais son propos est ailleurs: interroger la question de la filiation. La perspective est cependant inversée par rapport à "Littoral", "Incendies" et "Forêts": dans "Ciels", les fils et filles ne sont plus en quête de leurs géniteurs. Ils se rebellent, tel cet activiste trentenaire auquel on prête la voix enregistrée de Bertrand Cantat et qui coordonne des attaques dans huit pays (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Russie, Japon, Etats-Unis, Canada) dessinant "une géographie du sang versé, de la jeunesse massacrée" au XXe siècle.

Après Avignon, "Ciels" tournera notamment à Limoges, Nantes, Toulouse, Chambéry, Grenoble, Montréal et Québec, avec une longue étape du 11 mars au 10 avril 2010 à l'Odéon-Théâtre de l'Europe (Ateliers Berthier) à Paris.

Le Festival d'Avignon a créé samedi soir "Ciels" de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu'oppressant, par lequel l'auteur et metteur en scène libano-québécois renouvelle son bouleversant théâtre de la narration et de la filiation.
A l'affiche jusqu'au 29 juillet, cette pièce vient clore un quatuor ("Le Sang des...