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Liban

Les négociations syro-saoudiennes vont au-delà du dossier libanais…

Depuis que les pourparlers syro-saoudiens ont été dévoilés au grand jour, les spéculations les plus diverses circulent dans le pays et chaque camp durcit ses positions, parfois pour le principe et dans certains cas pour réserver sa place dans le compromis supposé à venir. Ce dont on est sûr à ce stade des négociations, c'est qu'elles ont bel et bien lieu et qu'elles durent depuis un certain temps. On sait aussi que la première rencontre entre l'émissaire du roi Abdallah (son fils Abdel Aziz) et les responsables syriens s'est mal déroulée, et le climat général était plutôt négatif.  Selon la version syrienne, rapportée par des visiteurs de Damas, l'émissaire saoudien est arrivé dans la capitale syrienne fort de la victoire de ses alliés aux élections législatives libanaises et il aurait transmis à ses interlocuteurs une sorte de liste de revendications qui comportait notamment le refus d'accorder le tiers de blocage à l'opposition dans le prochain gouvernement libanais, l'aide au démantèlement des positions armées palestiniennes en dehors des camps du Liban et le tracé des frontières dans le secteur de la zone de Chebaa. Toujours selon la version syrienne, la réponse de Damas était assez sèche. Les interlocuteurs syriens se sont contentés de se déclarer favorables au tracé des frontières avec le Liban mais hors du secteur des fermes de Chebaa, celui-ci, selon eux, ne devant intervenir qu'après le retrait israélien de cette zone.
Pour les deux autres points, les Syriens ont suggéré aux médiateurs saoudiens d'en parler directement avec l'opposition libanaise, arguant du fait qu'ils ne comprennent pas comment, après leur avoir reproché d'intervenir dans les affaires libanaises internes, on leur demande désormais d'influencer leurs alliés. Toutefois, les deux parties ont convenu de poursuivre les contacts, d'autant que le dossier libanais n'en est pas le seul enjeu.
D'autres rencontres ont suivi celle-ci tantôt avec l'émir Abdel Aziz et tantôt avec le ministre saoudien de l'Information Abdel Aziz Khoja et de nouvelles propositions ont été avancées, tout comme le débat s'est élargi à l'éventualité d'une réconciliation symbolique entre le régime syrien et le Premier ministre désigné Saad Hariri sous l'égide du roi d'Arabie. Il a été tantôt question d'un sommet tripartite libano-syro-saoudien auquel participerait Hariri et tantôt d'une sorte de conférence de réconciliation libano-syrienne qui regrouperait les chefs des blocs parlementaires, en plus des dirigeants du pays, toujours sous l'égide du roi d'Arabie. D'autres idées seront sans doute encore avancées, mais le principe de la visite à Damas du roi d'Arabie et celui d'une réconciliation libano-syrienne semblent acquis.
 Il s'agit simplement de s'entendre sur le timing et c'est là que les opinions restent divergentes. L'Arabie, précisent des sources diplomatiques arabes, est pressée d'aider Saad Hariri à former son gouvernement pour que ses premiers pas dans cette fonction soient réussis et montrent que le Liban est réellement entré dans une nouvelle phase. De leur côté, les autorités syriennes ne sont pas pressées. Elles déclarent officiellement qu'elles ne veulent absolument pas revenir dans le bourbier libanais, ni militairement, bien sûr, ni politiquement. Tout ce qui leur importe est une coopération sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et les extrémistes, comme ce fut le cas à l'automne 2008 au nord du Liban, ainsi que des relations diplomatiques qui prennent en considération les intérêts communs au Liban et à la Syrie ainsi que la protection de la Résistance. Mais au-delà du discours officiel, les exigences sont beaucoup plus pointues et précises. Elles consistent, par exemple, dans une réconciliation spectaculaire avec les parties libanaises qui n'ont cessé de l'attaquer au cours des dernières années, ainsi qu'une réconciliation avec l'Égypte et l'amélioration de ses relations avec les États-Unis (notamment l'échange d'ambassadeurs et la levée des sanctions qui lui sont imposées) et avec l'Occident en général.
À en croire les mêmes sources diplomatiques arabes, l'administration américaine ne serait pas favorable à une précipitation dans le règlement du contentieux avec la Syrie. Les dernières déclarations du secrétaire d'État adjoint pour les affaires du Moyen-Orient Jeffrey Feltman seraient significatives dans ce sens.
Forts de ces réserves américaines et de leurs propres convictions, les chrétiens du 14 Mars ont exprimé avec force leur opposition à une réconciliation avec la Syrie avant la formation du gouvernement.
Les sources diplomatiques arabes affirment qu'au-delà du dossier libanais, l'administration américaine souhaite obtenir des concessions de la Syrie sur le dossier arabo-israélien partant du principe suivant : les Arabes doivent céder quelque chose pour que l'administration américaine puisse exercer des pressions sur Israël. L'administration américaine, ajoutent les mêmes sources, tient le langage suivant : il existe actuellement une occasion historique de conclure une paix au Moyen-Orient sur la base de la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël. Les Arabes, surtout la Syrie, doivent saisir cette chance et aider cette administration dans ses négociations ardues avec l'État hébreu, en sachant que ce moment rare ne durera pas éternellement et que dans cette région, il n'y a eu jusqu'à présent qu'une multitude d'occasions ratées...
C'est dans ce cadre qu'intervient la visite du ministre français des AE Bernard Kouchner dans la région. Ayant récemment nommé deux personnalités qui ont sa confiance, Christophe Bigot ambassadeur en Israël, et Éric Chevallier ambassadeur en Syrie, il espère jouer un rôle constructif dans une relance des négociations syro-israéliennes et dans le dossier israélo-palestinien.
C'est dans cette période cruciale et charnière qu'intervient la formation du gouvernement libanais. Saad Hariri a beau dire qu'elle se concocte au Liban, elle n'en a pas moins une dimension régionale, voire internationale, qui n'échappe à personne.
Depuis que les pourparlers syro-saoudiens ont été dévoilés au grand jour, les spéculations les plus diverses circulent dans le pays et chaque camp durcit ses positions, parfois pour le principe et dans certains cas pour réserver sa place dans le compromis supposé à venir. Ce dont on est sûr à ce stade des négociations,...
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