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Liban - Éclairage

Frangié répercute sur Aoun le soutien de Damas à Sleiman

Des sources proches du Bloc du changement et de la réforme confirment que lors de la réunion tenue à Rabieh, Sleimane Frangié a transmis aux participants le climat positif qui règne à Damas au sujet de la situation politique au Liban. Pour conseiller ensuite au général Michel Aoun et aux membres du bloc de soutenir à leur tour le président Michel Sleiman, en souhaitant que le leader du CPL rende visite sous peu à Baabda pour entamer des échanges menant à un accord qui pourrait ensuite s'élargir à d'autres parties. Ces sources indiquent donc que le député de Zghorta a fait état d'un appui syrien soutenu au régime Sleiman. Fidèle à sa ligne, il n'a pas manqué de répéter que la Syrie se tient toujours aux côtés du Liban et de ses justes causes.
Ses propos se trouvent corroborés par le témoignage de divers visiteurs récents à Damas, qui affirment que les Syriens voient d'un bon œil le parcours du président Sleiman et qu'ils sont résolus à soutenir ses efforts dans la phase délicate que traverse la région. Ils ajoutent qu'un dirigeant syrien, porteur d'un message de Bachar el-Assad, pourrait visiter sous peu Baabda, dans le cadre de concertations portant aussi bien sur les suites des législatives au Liban que sur les événements d'Iran.

Passes d'armes
Toujours est-il que, malgré le mot d'ordre général de détente, les importants enjeux politiques de la phase présente suscitent une série de querelles larvées sur la scène locale. Ainsi, des cadres opposants, notamment du Hezbollah, assurent qu'il n'y a aucun problème, aucune contestation, aucune condition concernant la réélection du président Nabih Berry au perchoir de la Chambre. Ils affirment que la question a été tranchée, qu'il n'y pas de différend et que les objections de certains loyalistes comptent strictement pour du beurre à leurs yeux.
Voulant, justement, le beurre et l'argent du beurre, les prosyriens affirment qu'en revanche, la question de la présidence du Conseil, de la personnalité qui serait pressentie pour assumer cette fonction est encore loin d'être réglée. À plus forte raison, ajoutent-ils, on ne sait encore rien de la nature et de la composition du prochain gouvernement ni du sens concret que prendrait le principe de la participation dont ils se réclament. Ils précisent que la multitude d'idées, de formules et de propositions qui sont avancées suscite des discussions acharnées sans qu'à ce stade une tendance quelconque se montre dominante. Bien entendu, la décantation commencera à se faire lorsque le président de la République entreprendra ses consultations réglementaires et que le président du Conseil désigné commencera ses propres concertations, avec le concours du président de la Chambre. Un concours bénévole, si l'on peut dire, car cette autorité n'est tenue à rien dans ce domaine précis sur le plan constitutionnel. Mais dans la foulée de sa réélection, Nabih Berry, qui a souvent tenté de jouer les médiateurs dans le passé, voudra certainement contribuer à l'élaboration d'une formule d'entente. Ses lumières de spécialiste chevronné seraient notamment utiles lorsqu'on négociera les quotas de portefeuilles et la répartition des ministères. À la lumière, du reste, de la constitution des nouveaux blocs parlementaires.

Package deal
Cela va être le cinquième mandat de M. Berry à la tête de la Chambre où il a été élu pour la première fois en 1992. Les loyalistes indiquent qu'ils ne souhaitent pas lui opposer un rival, mais insistent pour obtenir un garde-fou réglementaire pour prévenir toute nouvelle fermeture abusive du Parlement. Pour dorer un peu la pilule et éviter d'en faire tout un plat, ils proposent que ces garanties s'inscrivent dans le cadre d'un panier global d'arrangements. Ils soutiennent que cette formule de package deal permettrait d'éviter qu'on se perde en interminables bazars sur chacun des sujets à débattre. Et elle serait d'autant plus utile qu'en réalité, toutes les questions politiques internes sont interdépendantes.
Un détail : le marché d'ensemble lierait la désignation d'un Premier ministre à l'élection d'un président de la Chambre, ce qui aurait pour résultat d'empêcher les prosyriens de brouiller les cartes en exploitant la question du Sérail. À ce propos, les loyalistes se demandent comment les opposants ont le front de présenter des exigences en ce qui concerne la présidence du Conseil quand eux-mêmes refusent toute condition au sujet de la présidence de la Chambre. Cela les offusque d'autant plus que, pour ce dernier poste, ils font un cadeau royal au 8 Mars puisqu'ils détiennent la majorité sous la coupole. De même, ils ne voient pas pourquoi l'opposition peut exiger le tiers de blocage (ou, pire encore, les 45 %) au sein du Conseil des ministres alors qu'elle n'a même pas le droit démocratique de participer au gouvernement. Surtout que maintenant, plus personne ne peut qualifier la majorité souverainiste d'illusoire. Pour les loyalistes, seul le 14 Mars est en droit de poser des conditions concernant la formation du gouvernement, et seul il peut dire si Saad Hariri doit le diriger ou non.
Ces points vont être étudiés sous peu lors d'une réunion élargie des cadres du 14 Mars. Les objections de certains à la réélection de Berry ainsi que les demandes de garde-fous réglementaires seront examinées en premier. L'objectif étant d'obtenir des assurances qu'en tant que président de Chambre, l'intéressé saura désormais ne servir aucune autre partie que l'État et l'institution qu'il dirige. Sans plus agir comme il l'a fait pour la fermeture de la Chambre, ou même lors de la campagne électorale, quand il inaugurait des projets bien plus en tant que chef de liste qu'en tant que président du Parlement. Toujours à ce sujet, les majoritaires veulent qu'on active plus, et mieux, le bureau de l'Assemblée ainsi que les commissions parlementaires, et que la présidence renonce à la triste habitude de faire dormir dans les tiroirs les projets qui ne lui plaisent pas.

Des coupe-circuits
Pour ce qui est du gouvernement, les majoritaires envisagent d'avancer une série de refus aux visées des opposants :
- Non à la promotion ministérielle de figures de proue ayant échoué aux législatives. Il se répète en effet que le général Michel Aoun voudrait que Issam Abou Jamra et Gebran Bassil refassent partie du cabinet.
- Non au tiers de blocage, la participation de l'opposition au gouvernement devant avoir une portée symbolique et pas du tout proportionnelle. Il n'est donc pas question d'accorder à l'opposition une participation au prorata de la consistance numérique de ses blocs à la Chambre. Il s'agit de l'empêcher de saborder de nouveau l'État en contrôlant l'Exécutif par défaut.
- Non à une déclaration ministérielle qui ne serait qu'un long slogan creux ou une dissertation aussi évasive que littéraire. La déclaration doit clairement affirmer l'engagement du Liban à la concrétisation des résolutions de la légalité internationale. Si le droit de résistance doit être confirmé face à l'occupation, l'Exécutif ne peut octroyer à son bras armé une couverture politique dont il se sert, comme il l'a fait, à l'intérieur.
Les loyalistes concluent cependant sur un oui : oui à l'octroi au président de la République d'une part ministérielle suffisante, sept au moins, pour être en mesure d'arbitrer et d'assurer qu'il y ait décision étatique, en empêchant à la fois la majorité de monopoliser le pouvoir et la minorité de le saboter. Cela étant, les loyalistes refusent évidemment l'idée opposante saugrenue d'un partage des sièges ministériels à égalité, avec un ministre roi accordé au président, pour faire la différence en cas de conflit.
Des sources proches du Bloc du changement et de la réforme confirment que lors de la réunion tenue à Rabieh, Sleimane Frangié a transmis aux participants le climat positif qui règne à Damas au sujet de la situation politique au Liban. Pour conseiller ensuite au général Michel Aoun et aux membres du bloc de soutenir à leur tour le...
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