« Les relations avec la Libye peuvent compenser partiellement la faiblesse économique de l'Italie et relancer sa vocation historique en Méditerranée où son rôle a été affaibli par l'initiative française de l'Union pour la Méditerranée (UPM) », a déclaré à l'AFP Raffaello Matarazzo, de l'Institut des affaires internationales. « Cette visite est un tournant historique. Rome veut stabiliser ses rapports avec la Libye sur la vieille question du pétrole et celle, nouvelle, de l'immigration clandestine », souligne-t-il. Les Libyens ont accepté pour la première fois début mai de reprendre 500 immigrés interceptés par la marine italienne. Cette opération a été dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et l'Église catholique, des réfugiés susceptibles d'obtenir le droit d'asile pouvant se trouver parmi les refoulés.
Les chefs des groupes parlementaires du Sénat italien ont par ailleurs annoncé hier soir qu'ils avaient décidé que le leader libyen s'exprimerait aujourd'hui dans une salle annexe du palais sénatorial et non dans l'hémicycle comme initialement prévu. L'opposition de centre-gauche menaçait de boycotter le discours du leader libyen devant le Sénat, si celui-ci se tenait dans l'hémicycle, et le mécontentement enflait dans la classe politique italienne devant cette perspective. « La décision de laisser parler un "prix Nobel du terrorisme" alors qu'un prix Nobel de la paix comme le dalaï-lama n'a pas pu s'exprimer a été prise en dépit de l'opposition de nombreux sénateurs de droite et de gauche », avait déclaré plus tôt dans la journée le sénateur d'opposition Stefano Pedica.
Le tente de Mouammar Kadhafi a été plantée dans le plus vaste parc romain, celui de la Villa Doria Pamphili, mais il dormira dans le somptueux palais éponyme datant du XVIIe siècle.