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Liban - Analyse

Tiraillements américano-syro-iraniens au sujet de l’armée libanaise

C'est presque incroyable, mais le monde entier semble s'intéresser aux élections législatives libanaises. Au-delà de la satisfaction pour le moins nombriliste que cet intérêt peut provoquer chez les Libanais, il soulève malgré tout une certaine appréhension. Comment des législatives dans un si petit pays peuvent-elles provoquer un tel défilé de personnalités importantes et surtout entraîner de telles dépenses ?
Selon une source de l'opposition, les États-Unis ont battu tous les records dans l'expression de leur souci des élections libanaises. L'administration américaine a ainsi envoyé successivement Jeffrey Feltman, David Hale, Hillary Clinton, David Petraus et tout dernièrement le vice-président en personne, Joseph Biden. La source de l'opposition estime que les émissaires américains ne soulèvent pas seulement la question des élections, mais évoquent aussi la situation postélectorale. Joseph Biden a d'ailleurs déclaré ouvertement que la position de son administration dépendra de la politique du gouvernement qui se mettra en place après les élections. La source de l'opposition affirme ainsi qu'il y a déjà un progrès dans l'attitude officielle américaine qui laissait auparavant entendre que les aides de son pays dépendent de l'identité du camp victorieux aux élections. Désormais donc, une victoire de l'opposition est envisagée et pourra ne pas provoquer une attitude hostile de la part de l'administration américaine, si le gouvernement qui sera formé répond aux « attentes américaines ». La même source croit savoir que les Américains souhaiteraient d'ores et déjà que les portefeuilles sécuritaires, notamment celui de la Défense et celui de l'Intérieur, soient accordés à des personnalités proches d'eux, et en tout cas n'appartenant pas à l'opposition. Apparemment, les États-Unis accorderaient une grande importance au dossier sécuritaire libanais et au rôle que devrait jouer l'armée libanaise dans la période à venir. C'est la raison pour laquelle le ministre de la Défense a effectué une visite à Washington, suivi de près par le commandant en chef de l'armée. De plus, le vice-président américain a prononcé au cours de sa visite rapide à Beyrouth un discours remarqué au sujet de l'armée. Il s'agissait, révèlent les milieux de l'opposition, d'influer sur l'opinion des indécis chrétiens qui représentent entre 7 à 10 % des électeurs de cette communauté et qui sont généralement favorables à l'armée. Ils pourraient ainsi être impressionnés par les aides américaines promises. La question, selon ces milieux, est de savoir quel genre d'armes les États-Unis comptent fournir à l'armée et à quelle mission cette dernière est destinée.
Toujours selon les milieux de l'opposition, cet intérêt américain pour la troupe soulève aussi l'inquiétude des autorités syriennes et iraniennes qui se demandent si ces attentions ne sont pas destinées à contrôler l'armée libanaise et à la pousser à affronter le Hezbollah, ou en tout cas à changer d'idéologie. Le chef d'état-major syrien, le général Ali Habib, est ainsi venu aux nouvelles, posant à ses interlocuteurs libanais des questions précises et appelant à une coordination poussée entre les armées des deux pays. Il se serait aussi intéressé aux réseaux d'agents pro-israéliens présumés, démantelés par les services de sécurité libanais, essayant de savoir si les missions de ces agents couvraient aussi le territoire ou des personnalités syriennes. De leur côté, les sources proches du Hezbollah affirment que David Hale et Jeffrey Feltman ont affirmé à leurs interlocuteurs du 14 Mars que les armes du parti de Dieu constituent une présence syro-iranienne déguisée.
Dans ce contexte, l'armée libanaise devient un enjeu important dans la période postélectorale, et nombreuses sont les parties qui souhaiteraient la contrôler. Selon de nombreux analystes, la troupe est inévitablement appelée à jouer un grand rôle dans la stabilité du pays. Le commandement militaire actuel, qui fait preuve d'une grande sagesse et de beaucoup de discernement, essaie d'éviter les pièges des uns et des autres et place en tête de ses priorités l'intérêt national...
C'est presque incroyable, mais le monde entier semble s'intéresser aux élections législatives libanaises. Au-delà de la satisfaction pour le moins nombriliste que cet intérêt peut provoquer chez les Libanais, il soulève malgré tout une certaine appréhension. Comment des législatives dans un si petit pays peuvent-elles provoquer...

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