Il s'agit d'une décision considérable aux États-Unis tant les neuf juges de la Cour suprême jouent un rôle primordial, tranchant d'importants débats de société, sur la peine de mort, le droit à l'avortement, le port d'armes ou les droits des minorités raciales ou sexuelles. Elle devrait se répercuter bien après la fin de la présidence Obama, les juges à la Cour suprême étant nommés à vie.
C'est aussi une décision politique qui ne devrait pas manquer de ravir l'importante communauté hispanophone des États-Unis, à l'influence grandissante. Encore faut-il que le choix de M. Obama soit confirmé par le Sénat, où la pensée de Mme Sotomayor devrait être explorée sous toutes les coutures. Sauf révélation considérable au cours du processus, les amis démocrates de M. Obama, majoritaires, devraient prévaloir.
Mme Sotomayor, qui serait la deuxième femme à la Cour suprême avec Ruth Bader Ginsburg, est appelée à remplacer David Souter, qui siégeait parmi les plus progressistes de la Cour et qui a causé la surprise en décidant de se retirer il y a moins d'un mois. M. Obama, qui a rangé cette décision parmi les « plus importantes responsabilités » présidentielles, n'aura donc pas traîné. Il entend que sa candidate ait reçu l'approbation parlementaire cet été et soit installée début octobre, quand la Cour suprême reviendra en session.
La confirmation de Mme Sotomayor ne paraît pas devoir changer l'équilibre fondamental de la Cour. Actuellement, quatre juges se situent du côté progressiste, quatre sont résolument conservateurs, et un, Anthony Kennedy, nommé par Ronald Reagan, vote tantôt avec les uns, tantôt avec les autres. Mme Sotomayor deviendra la troisième femme de l'histoire des États-Unis à accéder à la magistrature suprême, et la première hispanique. Diplômée de Princeton (New Jersey) et de Yale (Connecticut), son nom était l'un des plus souvent cités.
M. Obama avait énoncé comme l'un de ses critères essentiels que le ou la nouvelle juge ait un sens aigu des implications des décisions de la Cour suprême sur la vie quotidienne des Américains. Née le 25 juin 1954 de parents originaires de Porto Rico, Mme Sotomayor a grandi dans un milieu modeste à New York, un reflet de la propre ascension de M. Obama. Désignée juge fédérale par George Bush père en 1991 puis juge à la cour d'appel de New York par Bill Clinton en 1997, elle est connue pour sa conscience professionnelle et des positions de centre-gauche. Divorcée sans enfants, Mme Sotomayor passe pour acharnée à la tâche. Certains la trouvent trop exigeante et peu habituée à remettre en question ses positions. « C'est une terreur au tribunal », « elle a du tempérament et elle s'excite facilement », sont quelques-uns des commentaires anonymes d'avocats qui ont travaillé avec elle, selon l'Almanach judiciaire fédéral, une publication spécialisée.
La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire d'appel des États-Unis. Sa mission première est de veiller à la constitutionnalité des lois et des traités. Elle tranche des questions de société, mais au cours des dernières années, s'est signalée par une intervention croissante dans les domaines environnemental et économique.