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Législatives : juin 2009 - Tout le monde en parle

Destin plombé

Le cirque électoral poursuit son incertaine trajectoire. Les poids lourds du verbe ne chôment pas. Les jugements à l'emporte-pièce prolifèrent, rendant aléatoire d'espérer un répit à mi-chemin de la poubelle et du mensonge.

Pour le Hezbollah, la « Moukawama » et le lien viscéral à la « wilayat al-fakih » constituent des credo intangibles. Il semblerait que le parti de Dieu cherche à transformer la « victoire divine » en capacité de blocage sur la scène intérieure. Il exige un droit de regard accru sur la politique du gouvernement et profite de la guerre pour s'affirmer sur l'échiquier international comme pièce majeure du « front de refus ». Ses armes sont une constante non négociable au service de la « Oumma ». Il n'est que de se rappeler les mots sans équivoque de Hassan Nasrallah réagissant le 8 mai 2008 à la décision du gouvernement libanais de démanteler le réseau de communications du parti : « Nous couperons la main qui entend retirer ses armes à la Résistance, que cette main agisse de l'intérieur ou de l'extérieur. » Il est à craindre que ces armes ne seraient éventuellement « étatiques » que le jour où eux-mêmes seraient l'État. Serait-ce le premier acte fondateur de cette IIIe République que s'efforce de promouvoir le général Aoun ? Au moment de sa déclaration, Hassan Nasrallah a-t-il pris la peine de consulter (pour la forme) son « paravent », condamné, lui, à louvoyer dans l'équivoque pour gruger son bien docile électorat ? Il est évident que, pour le Hezbollah, le CPL ne représente qu'une couverture temporaire pour un soutien parlementaire trancommunautaire lui permettant à terme de prendre le pouvoir. Est-il permis d'espérer que notre bouillant général - qui se veut maréchal - réalise qu'il ne représente en fait pour ses alliés du moment qu'une commode passerelle, et cesse donc ses fantaisistes affabulations ? Au fait, quel est le programme électoral du CPL ? L'anti-14 Mars ne constitue pas un programme de gouvernement. Le CPL a un électorat qu'il se doit de respecter et non d'entraîner dans une aventure suicidaire dont les conséquences nationales seraient désastreuses, peut-être même irréversibles. Qu'est-ce donc que cette fumeuse IIIe République que Michel Aoun prône avec tant de zèle ? Si l'on admet de s'arrêter à la « logique » du coup d'État, celui-ci serait à faire contre ceux qui cherchent précisément à le faire : évincer notre exemplaire président de la République, changer la Constitution, modifier la parité chrétiens-musulmans, instaurer une présidence de la République tournante, transformer un Parlement en bien personnel, institutionnaliser le tiers de blocage, mettre la main sur les principaux rouages de l'État, dénoncer les accords d'armistice avec Israël, combattre jusqu'à l'idée même du concept de neutralité et guerroyer sans fin au profit d'intérêts à l'antipode de ceux du Liban. Les affidés du CPL se rendent-ils pleinement compte qu'on les mène en bateau qui s'en va s'écraser sur les brisants des fantasmes obsessionnels de leur chef ? « Les suicides sont des homicides timides : masochisme contre sadisme », écrivait Césare Pavese (Le métier de vivre). Les citoyens en quête identitaire - et en particulier les chrétiens du CPL et des Marada, ainsi qu'une partie non négligeable des Arméniens - censés faire la différence des résultats, sont bien entendu libres de leurs choix ; mais réalisent-ils le danger de soutenir aveuglément l'hégémonique et subversif projet du Hezbollah, négation même de l'État de droit, qui gouvernera éventuellement seul ? Ils l'ont déclaré sans ambages.
Il est enfin (et surtout) indispensable que nul n'occulte la place prioritaire - prioritaire parce que à l'origine même de l'existence du Liban - du patriarcat maronite, trahi par les siens. Au cas où cette voix devait être étouffée, la résignation au naufrage et le regret lancinant des batailles existentielles perdues seraient quand même une autre trahison de l'histoire et nous priveraient du droit - et de l'obligation - de peser sur les choix essentiels de notre avenir.
Pour le Hezbollah, la « Moukawama » et le lien viscéral à la « wilayat al-fakih » constituent des credo intangibles. Il semblerait que le parti de Dieu cherche à transformer la « victoire divine » en capacité de blocage sur la scène intérieure. Il exige un droit de regard accru sur la politique du gouvernement et profite de la guerre pour s'affirmer sur l'échiquier international comme pièce majeure du « front de refus ». Ses armes sont une constante non négociable au service de la « Oumma ». Il n'est que de se rappeler les mots sans équivoque de Hassan Nasrallah réagissant le 8 mai 2008 à la décision du gouvernement libanais de...