Le danger qui pèse sur la mer est donc loin d'être saisonnier. Malgré nos problèmes typiquement libanais, le fléau est mondial. Une conférence internationale sur les océans a été organisée récemment en Indonésie, insistant particulièrement sur la problématique du changement climatique, qui a des conséquences très graves sur ces étendues d'eau qui, rappelons-le, recouvrent les deux tiers de la planète et absorbent au moins un quart des émissions de CO2. Les océans sont donc directement concernés par les négociations sur le climat, puisque leurs courants régulent le climat de la planète, et que la hausse du niveau de la mer est présentée comme l'une des conséquences du réchauffement global ; mais malgré cela, ils sont rarement pris en compte à ce niveau.
La conférence internationale sur les océans est la première à réellement soulever ce sujet, et elle s'est terminée par la proclamation d'une déclaration, dite de Manado, qui appellera à prendre en compte les océans dans les négociations du sommet de Copenhague, prévu en décembre pour trouver un accord mondial qui fera suite à l'accord de Kyoto. Ce sommet de Copenhague a été d'ores et déjà précédé de déclarations alarmistes de plusieurs instances internationales, qui estiment que si aucune action ferme n'est entamée rapidement la catastrophe planétaire ne serait plus évitable.
Mais non seulement les océans ne sont pas pris en compte dans les négociations internationales, ils restent trop peu connus. Ainsi, dans un article publié sur le site Internet de RFI, et signé Solenn Honorine, correspondante à Djakarta, sur la conférence, on apprend que ce n'est que récemment que les scientifiques se sont aperçus d'une réalité frappante : les océans sont aujourd'hui de 30 % plus acides qu'ils ne l'étaient avant l'industrialisation et, à certains endroits, cela irait jusqu'à rendre la vie impossible aux organismes qui sont à la base de la chaîne alimentaire, risquant de multiplier ainsi les « zones mortes » dans les océans.
En bref, les océans souffrent à cause de notre activité et, comble de l'ironie, nous n'en saurons jamais assez pour en estimer la gravité. La profondeur des océans, qu'on croyait infinie, ne suffit plus pour absorber l'excédent acide de notre civilisation basée sur la consommation. Si la prise de conscience ne vient pas de nous, nous finirons pas en payer le prix, sans nul doute.
La prise de conscience passe, selon Greenpeace, par la création de réserves marines sur le littoral libanais. Une délégation de l'organisation a rencontré récemment le ministre de l'Environnement, Antoine Karam, qui a promis de faire son possible pour que soit adopté le décret de création de la première réserve marine à Jbeil. Un premier pas pour la protection de notre littoral malmené ? Il n'est pas interdit de rêver.