Aung San Suu Kyi, âgée de 63 ans, est jugée depuis lundi pour avoir, selon la junte militaire au pouvoir en Birmanie, enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant pendant deux nuits début mai John Yettaw, un mormon de 53 ans.
« Dans la vidéo, on ne voit que Yettaw qui dit qu'il est arrivé dans la maison d'Aung San Suu Kyi », a indiqué Nyan Win. La séquence a montré l'Américain se tenant devant un portrait du général assassiné Aung San, père de Mme Suu Kyi et héros de l'indépendance birmane, et parlant à la caméra. « Il a dit qu'il lui avait demandé l'autorisation de prendre des photos, mais elle a refusé. Elle semblait avoir peur et il a dit qu'il était désolé », a poursuivi le porte-parole, précisant que la vidéo avait duré deux heures et qu'elle avait été traduite en birman. Mme Suu Kyi est passible de cinq ans de prison, ce qui l'exclurait du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010. Sa période d'assignation à résidence expirait théoriquement le 27 mai. La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a jugé « scandaleux » le procès de Mme Suu Kyi, mais espéré qu'il prenne fin bientôt avec sa libération. Les élections de 2010, voulues par les généraux, seront « illégitimes en raison de la manière dont ils l'ont traitée », a toutefois averti Mme Clinton.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré qu'il était « extrêmement préoccupé » par la situation en Birmanie, où il a l'intention de se rendre « dès que possible ». Il a qualifié Mme Suu Kyi d'actrice « indispensable » en vue de la reprise d'un dialogue politique entre les autorités et l'opposition.
Comme on demandait à un diplomate occidental en poste à Rangoun si un verdict était proche dans l'affaire Yettaw, il a répondu que les généraux donnaient l'impression de « naviguer à vue ». Le fait qu'ils aient autorisé les médias et les diplomates à assister à une audience montre qu'ils essaient de « lâcher un peu de lest en ce moment ».