« L'objectif principal est de fournir au ministère du Plan et aux décideurs des indicateurs de base sur les caractéristiques sociales et économiques de la population », a déclaré à l'AFP le vice-ministre du Plan, Mehdi al-Alak, président de l'Organisation centrale pour les statistiques et les technologies de l'information (Cosit), chargée du recensement. Celui-ci intervient tous les 10 ans en Irak, les années en 7. Il n'a pu être organisé en 2007, compte tenu des violences confessionnelles qui faisaient rage. Et la population du Kurdistan n'avait pas été comptée en 1997. Depuis le dernier recensement exhaustif de 1987, qui avait chiffré à 16 millions le nombre d'Irakiens, la population pourrait avoir presque doublé, selon M. Alak, qui pronostique un chiffre de 30 à 31 millions d'habitants en 2009.
Identité, âge, sexe, fécondité, niveau d'éducation, emploi... les questionnaires permettront de dessiner le profil sociodémographique de l'Irak, mais aussi de cartographier sa composition ethnique et de déterminer l'importance des communautés arabes, kurdes ou turcomanes. « Les normes internationales ne préconisent pas de question sur l'origine ethnique car, techniquement, tous sont citoyens d'un même pays », a indiqué à l'AFP Georges Georgi, représentant pour l'Irak du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), qui apporte une aide technique au gouvernement irakien. « Mais chaque pays peut faire le choix de poser cette question. Et l'Irak l'a fait. »
La répartition ethnique est d'une importance cruciale pour de nombreuses zones disputées du nord et de l'est du pays, au premier rang desquelles le gouvernorat ethniquement mixte de Kirkouk (Nord), que les Kurdes revendiquent.
Dans un pays en pleine reconstruction comme l'Irak, l'interprétation des résultats du recensement peut se révéler explosive.
Pour éviter toute contestation, et assurer la transparence de l'opération, chaque questionnaire devra être signé par les familles recensées, et des enquêteurs iront par la suite vérifier la véracité des informations recueillies, a indiqué M. Alak.
La religion, autre sujet sensible, est aussi abordée par le questionnaire, qui n'entre toutefois pas dans le détail des confessions. Si le recensement peut donner une idée plus nette de l'importance d'une communauté chrétienne durement éprouvée depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, il ne dira donc rien de la répartition actuelle entre chiites et sunnites après les violences confessionnelles de 2006 et 2007.
Sur un autre plan, la Cour suprême irakienne a fixé au 30 janvier 2010 les élections législatives - les secondes depuis la chute de Saddam Hussein - qui seront un nouveau test pour le Premier ministre Nouri al-Maliki, auréolé de sa victoire au scrutin provincial de janvier dernier. L'échiquier politique irakien pourrait être remanié lors de ces élections par le vote des sunnites, dont la participation avait été limitée lors des législatives du 15 décembre 2005, offrant alors une nette victoire aux partis chiites qui avaient porté M. Maliki au pouvoir en mai 2006.
Ces élections étaient attendues pour la fin de l'année 2009 car le Parlement irakien, qui élit le président de la République et dont est issu le chef du gouvernement, est élu pour quatre ans en Irak.