L’AIEA met en garde contre les puissances atomiques « virtuelles »

De dix à vingt pays pourraient bientôt devenir des puissances nucléaires « virtuelles », capables de développer l'arme atomique en quelques mois, a averti le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohammad el-Baradei, dans une interview publiée hier. « C'est un phénomène que nous voyons dorénavant et qui est inquiétant en Iran. Mais cela va bien au-delà de l'Iran... Bientôt, nous aurons neuf puissances nucléaires et probablement dix ou vingt autres puissances virtuelles », a déclaré le responsable de l'agence de l'ONU au quotidien britannique The Guardian.
Les puissances nucléaires « virtuelles » sont des pays qui, pour respecter le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), n'ont pas effectivement assemblé d'arme atomique mais qui disposent de l'uranium enrichi et de la technologie leur permettant de fabriquer une bombe en quelques mois. Mettant en garde contre l'effondrement du régime instauré par le TNP, M. el-Baradei a estimé que la seule solution pour éviter une rapide propagation de l'arme nucléaire serait de désarmer les puissances nucléaires existantes et d'adopter des traités interdisant les essais nucléaires ainsi que la production de matières fissiles. « Si des actions concrètes de ce genre ne sont pas prises avant la (prochaine conférence l'an prochain) du TNP, l'environnement sera complètement différent », a mis en garde le directeur de l'AIEA. « Toutes ces puissances virtuelles y penseraient à deux fois... car les plus grandes puissances auraient l'autorité morale de leur dire : Nous avons fait notre part. C'est maintenant à votre tour », a-t-il ajouté.