Les sources de l'opposition ne cachent pas leur mécontentement face à la détermination égyptienne de poursuivre cette affaire. Pour elles, il s'agit de l'exécution par l'Égypte d'un plan israélien visant à détruire l'image du Hezbollah et à l'isoler sur le plan arabe, en jouant sur les susceptibilités entre sunnites et chiites. Autrement dit, ajoutent ces sources, c'est le même feuilleton qui se poursuivrait depuis la résolution 1559 en passant par la guerre de juillet 2006 et les tentatives de briser la formation et surtout le fameux « esprit de résistance » qui s'est étendu à la bande de Gaza et peut-être ailleurs encore. Les sources de l'opposition font le développement suivant : après la guerre de Gaza en décembre et janvier derniers, l'Égypte a été pointée du doigt par les populations arabes à cause de la fermeture du point de passage de Rafah. Elle a ensuite exclu des arrangements conclus par les États-Unis et Israël pour le contrôle de ce point de passage. Elle a perdu ainsi de son poids dans le monde arabe, surtout après le début de réconciliation entre l'Arabie saoudite et la Syrie, qui l'a prise de court. Elle a d'ailleurs tenté, selon les mêmes sources, d'obtenir un blanc-seing arabe pour le traitement de la crise interpalestinienne et pour la direction des négociations entre les Palestiniens et Israël au sujet de Gaza et de la libération des prisonniers. Ces tentatives ont échoué, alors qu'en dépit du quasi-boycott du Caire, le sommet arabe de Doha s'est bel et bien tenu et s'il n'a pas enregistré des résultats spectaculaires, du moins il a constitué une avancée par rapport à celui qui l'a précédé.
Toujours selon les mêmes sources, l'Égypte aurait vu son rôle diminuer au sein du monde arabe, alors que les critiques pleuvaient sur elle de la part d'Israël et des États-Unis pour son incapacité à contrôler le trafic d'armes au point de passage de Rafah. La goutte d'eau qui aurait fait déborder le vase serait la première visite du président américain Barack Obama dans la région. Contrairement à l'habitude prise par ses prédécesseurs qui faisaient toujours le détour par Le Caire ou Charm el-Cheikh, l'actuel président US s'est contenté de passer par la Turquie. Craignant d'être marginalisée et soumise à de multiples pressions, l'Égypte aurait donc, selon ces sources, lancé cette campagne contre le Hezbollah. Les sources de l'opposition rappellent à cet égard l'attitude des médias israéliens qui ne cachent pas leur satisfaction devant le coup de filet égyptien et qui affirment qu'Israël est en train d'aider les Égyptiens dans leur enquête tout comme il en est informé des moindres détails. Les mêmes sources ajoutent que l'arrestation de Chehab et de ses compagnons a eu lieu avant la guerre de Gaza. Pourtant l'affaire n'a été divulguée qu'il y a quelques jours, après l'échec du dialogue interpalestinien et la visite d'Obama en Turquie, dans le but évident de redorer le blason égyptien auprès de l'Occident et d'influer sur le cours des élections législatives libanaises en dénigrant le Hezbollah et en tentant de raviver les susceptibilités entre chiites et sunnites.
Que cette analyse soit vraie ou fausse, il est certain que l'affaire de la « cellule du Hezbollah » occupe une place importante dans le débat politique interne. Elle permet de poser de nouveau la grande question des limites de l'action du Hezbollah et de sa coordination avec l'État. Mais plus grave que la polémique politique, elle met aussi l'État libanais en difficulté. Quelle sera l'attitude de celui-ci si l'Égypte demande l'extradition de certains responsables du parti ? La justice libanaise compte-t-elle réclamer les détails de l'enquête égyptienne et juger à son tour les contrevenants s'il y en a ? Autant de questions qui restent pour l'instant sans réponse. Mais il est certain que l'affaire doit être prise au sérieux. Dans les cercles officiels, on préfère laisser faire la diplomatie discrète. Mais en pleine campagne électorale, il est difficile d'étouffer un tel dossier.
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