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Liban - Éclairage

Trois batailles annoncées à Saïda, Tripoli et dans la Békaa-Ouest

La décision du Premier ministre Fouad Siniora de présenter sa candidature à l'un des deux sièges sunnites de Saïda met fin à un suspense qui durait depuis quelques semaines et qui avait déjà envenimé l'atmosphère dans ce qu'on appelle la « porte du Sud ». Selon des sources de Saïda, Fouad Siniora avait planifié depuis quelque temps déjà de se présenter aux élections pour se donner une légitimité populaire directe, après la pluie de critiques qui s'est abattue sur lui de la part de l'opposition et plus particulièrement de la part du président de la Chambre, Nabih Berry, au sujet du budget du Conseil du Sud.
Les mêmes sources précisent que Fouad Siniora aurait préféré présenter sa candidature dans la troisième circonscription de Beyrouth pour donner une dimension plus symbolique à son élection, mais le chef du Courant du futur Saad Hariri aurait refusé, préférant rester le seul leader de la capitale, comme l'était son père, Rafic Hariri. D'ailleurs, les relations entre les deux hommes ne seraient pas toujours au beau fixe et l'opposition joue sur ce registre pour provoquer des rivalités entre eux, les proches du président de la Chambre allant même jusqu'à laisser entendre que si l'opposition devait emporter les élections législatives, elle pourrait désigner Saad Hariri comme son candidat pour former le gouvernement, si Fouad Siniora maintient sa candidature à Saïda. Il s'agit sans doute d'une manœuvre électorale, car l'opposition dans son ensemble n'a rien déclaré de tel. Nabih Berry, qui entretient de bonnes relations avec la ministre de l'Éducation et députée de Saïda Bahia Hariri, avait tenté de la pousser à convaincre le Premier ministre de retirer sa candidature et des réunions avaient eu lieu dans ce sens, Bahia Hariri étant consciente de la délicatesse de la situation à Saïda et de la popularité indéniable de la famille Saad, d'abord Maarouf, puis Moustapha et enfin Oussama. Mais les enjeux politiques semblent dépasser la logique de l'entente.
Selon des sources proches de la Syrie, la réconciliation entre Damas et Riyad ne serait pas encore entrée au cœur des problèmes et serait actuellement limitée à une reprise du dialogue, amicale, et pleine de bonne volonté, sans plus. Sur ce plan, on en serait donc encore au début d'un processus qui risque de prendre du temps, même s'il semble être bien engagé. Toutefois, les divergences restent grandes au sujet du dossier libanais. Et, si Damas et Riyad se seraient entendus pour limiter leurs interventions directes dans l'opération électorale, l'atmosphère est encore à l'affrontement entre les alliés libanais des deux capitales arabes. Cela se traduit donc par une bataille à Saïda, une autre à Tripoli, où Omar Karamé reste en dehors de toutes les tentatives de former une liste de coalition, alors que les alaouites de Baal Mohsen se rappellent au bon souvenir des partenaires probables de la liste de coalition, à savoir le Courant du futur, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati et le ministre Mohammad Safadi.
La troisième bataille du même type est prévue dans la Békaa-Ouest où l'ancien ministre Abdel-Rahim Mrad affronte le Courant du futur, avec sur sa liste l'ancien vice-président de la Chambre et proche de la Syrie, Élie Ferzli. S'il est vrai que Damas n'est plus autant attaché à ses alliés traditionnels comme Omar Karamé et Abdel-Rahim Mrad, ayant élargi son éventail d'amitiés au Liban, il n'en reste pas moins que ces trois batailles annoncées indiquent qu'entre l'Arabie saoudite et la Syrie, tout n'est pas encore réglé.
En temps normal, les rivalités électorales sont considérées comme un signe de vitalité démocratique, mais à Saïda, les partisans d'Oussama Saad, entre autres, sont loin d'être des pacifistes. D'ailleurs, les premières déclarations de Saad au Parlement après l'annonce de la candidature de Fouad Siniora montrent bien sa détermination à mener la bataille jusqu'au bout. Oussama Saad bénéficie de l'appui de nombreuses organisations palestiniennes et le militantisme de sa famille est étroitement lié à la cause palestinienne. Bahia Hariri a certes aussi ses propres contacts palestiniens et la rivalité entre le Courant du futur et Oussama Saad pourrait avoir des répercussions dans les camps palestiniens proches de Aïn el-Héloué et Miyé Miyé.
Même chose à Tripoli, où le feu continue de couver sous la cendre et dans la Békaa-Ouest où les islamistes qui se sont calmés depuis quelques mois pourraient réapparaître.
Selon des pronostics relativement fiables, le Courant du futur a les plus grandes chances de remporter les batailles électorales dans ces trois circonscriptions. Mais celles-ci ne seront pas pour autant de tout repos. Il faudra aussi compter avec la Jamaa islamiya qui ne cache pas son mécontentement d'avoir été écartée des listes du Courant du futur à Saïda, à Beyrouth, à Denniyé et à Tripoli. Divisée en deux courants, l'un proche de Hariri, l'autre de l'opposition, la Jamaa s'est réunifiée à cause de cette mise à l'écart et son influence relativement considérable à Tripoli et à Saïda pourrait servir les intérêts de l'opposition. Ces tiraillements ne devraient sans doute pas modifier le cours des élections, mais ils augmentent certainement la tension entre les différentes parties.
La décision du Premier ministre Fouad Siniora de présenter sa candidature à l'un des deux sièges sunnites de Saïda met fin à un suspense qui durait depuis quelques semaines et qui avait déjà envenimé l'atmosphère dans ce qu'on appelle la « porte du Sud ». Selon des sources de Saïda, Fouad Siniora avait...

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