En dépit de son nom, le projet n'a rien d'une rivière. Concrètement, il implique l'installation de 4 000 km de gigantesques « tuyaux » de 4 mètres de diamètre pour extraire de l'eau enfouie en profondeur sous le Sahara et l'acheminer à travers le désert vers les villes de la côte nord, où vivent la majorité des 5,7 millions d'habitants.
Lancé au début des années 80 par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi comme un moyen de parvenir à l'autosuffisance alimentaire, ce projet est présenté dans des brochures distribuées lors du Forum mondial de l'eau comme la « huitième merveille du monde ». En dépit de son gigantisme, il est mené, depuis de nombreuses années, dans une relative discrétion et reste assez mal connu, explique Eugenia Ferragina, spécialiste des questions de l'eau au Conseil de recherche national, en Italie. Il a longtemps été entouré d'un parfum de secret qui a alimenté diverses rumeurs, évoquées dans les médias occidentaux en 1997, selon lesquelles les tuyaux étaient utilisés pour stocker des armes chimiques.
Mais nombre d'experts sont très dubitatifs sur le résultat de ce projet. « Cette eau ne sera jamais remplacée », a rappelé Mark Smith, spécialiste des questions d'eau au sein de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature, jugeant qu'il aurait été de loin préférable, d'un point de vue économique et environnemental, d'« acheter de la nourriture dans des lieux qui bénéficient de sources d'eau renouvelables ».
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