Iran : Ahmadinejad proteste contre le changement du budget par le Parlement

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a protesté dans une lettre au président du Parlement, Ali Larijani, contre les modifications apportées par les députés au projet du budget pour la prochaine année, qui débute le 20 mars, a rapporté dimanche l'agence officielle Irna.

"La comparaison entre le budget proposé par le gouvernement et le texte adopté par le Parlement montre que ce qui a été adopté n'est pas le projet du gouvernement mais la proposition d'un groupe de députés", a affirmé M. Ahmadinejad dans son "avertissement constitutionnel" au Parlement.

Le président proteste en particulier contre la décision des députés de retirer du texte la partie qui permettait au gouvernement de libérer les prix des produits énergétiques, en supprimant les subventions pour les remplacer par des aides directes aux couches les plus défavorisées.

Le président proteste aussi contre la décision des députés de maintenir à 1.000 rials le prix de l'essence subventionné et de vendre l'essence importé au prix du marché international, en affirmant que cette décision ne permet pas au gouvernement d'atteindre les objectifs de revenus dans le budget.

Ces désaccords interviennent alors que le Parlement est largement dominé par les conservateurs. Mais malgré cela, les députés ont apporté de larges modifications au budget.

Dans une première réaction, le vice-président du Parlement, Mohammad Reza Bahonnar, a critiqué ce qu'il a appelé la réaction "précipitée" du président Ahmadinejad.

"Le fait que le président n'ait pas accepté les modifications apportées par le Parlement (...) n'est pas juste. Le Parlement a fait ce qu'il fait depuis 29 ans", a déclaré M. Bahonnar. "Si le gouvernement pense que son projet doit être adopté sans aucune modification, cela est inacceptable", a-t-il insisté.

Le projet de budget, de 298 milliards de dollars pour l'année iranienne finissant en mars 2010, tablait sur un revenu supplémentaire de 20 milliards de dollars à la faveur de l'augmentation des prix de l'énergie.

Dans une lettre au Parlement, les économistes avaient demandé aux députés "de ne pas approuver une hausse brutale".

Le gouvernement veut amener les prix de l'énergie au niveau de ses prix mondiaux en trois ans. Les subventions directes et indirectes coûtent à l'Etat, selon des estimations, jusqu'à 100 milliards de dollars par an. A titre d'exemple, le litre d'essence est vendu 8 centimes d'euro.

Le gouvernement avait prévu de compenser les couches les plus défavorisées de la population par le versement d'une aide en liquide de 20 à 26 dollars par personne et par mois.

A trois mois de la présidentielle prévue en juin, la décision du Parlement peut coûter cher au président Ahmadinejad qui remet en jeu son mandat.

En effet, les adversaires de M. Ahmadinejad l'accusent de vouloir distribuer les aides directes aux couches les plus défavorisées pour renforcer ses chances à la présidentielle.