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L'État libanais veut transformer Nahr el-Bared en camp palestinien "modèle"

Rasé lors des combats entre l'armée libanaise et des islamistes en 2007, le camp palestinien de Nahr al-Bared va entamer un long processus de reconstruction qui devrait le transformer en camp "modèle" et le placer pour la première fois sous l'autorité de l'Etat.

"La reconstruction sera lancée dans deux semaines et doit durer environ trois ans", affirme à l'AFP Ziad al-Sayegh, conseiller auprès du Comité de dialogue libano-palestinien (gouvernemental).

De nouveaux logements, hôpitaux et écoles verront le jour, transformant ce champ de ruines "en camp modèle et assurant une vie digne aux Palestiniens", souligne-t-il.

Les 12 camps de réfugiés palestiniens au Liban, créés après la proclamation d'Israël en 1948, sont des dédales de ruelles insalubres et de constructions anarchiques et surpeuplées.

Cette misère y a favorisé l'implantation de groupes extrémistes, comme le Fatah al-Islam qui a affronté l'armée à Nahr al-Bared pendant plus de trois mois. Les combats ont fait plus de 400 morts, dont 168 soldats, contraignant les quelque 31.000 de ses habitants à un nouvel exode dans d'autres camps.

Toutefois, à la différence des autres camps, celui de Nahr al-Bared, situé dans le nord du pays, était un centre commercial prospère et beaucoup de ses habitants nantis ont tout perdu.

Ibtissam Ghneim, 45 ans, affirme avoir pu rénover sa maison, située dans une partie moins touchée par les combats, à la périphérie du camp.

"Avant, nous possédions des entrepôts d'huile d'olive, de riz et de blé et réalisions parfois un chiffre d'affaires de milliers de dollars par jour. Ils ont tous été détruits et aujourd'hui, nous subsistons grâce à une petite échoppe", dit cette femme qui compte parmi les 13.000 habitants revenus dans le camp.

Certains vivent dans des garages ou des conteneurs, d'autres dans des maisons préfabriquées offerts par l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), et le chemin est encore très long avant un retour à la normale.

"Nous avons besoin de ressources supplémentaires", admet Charlie Higgins, directeur du projet de reconstruction à l'Unrwa qui travaille en coopération avec l'Etat libanais et l'Autorité palestinienne.

L'Unrwa a demandé 450 millions de dollars pour reconstruire Nahr al-Bared et ses environs, mais n'a recueilli jusqu'à présent que 120 millions.

Si l'Etat libanais espère grâce à la reconstruction de Nahr al-Bared donner une autre image que celle des "camps de misère" du pays, il aspire également à imposer pour la première fois sa souveraineté sur ce territoire.

Les camps palestiniens, souvent appelés "îlots de non-droit", échappent de facto au contrôle de l'Etat et de son armée. Après la chute de Nahr al-Bared, le gouvernement libanais a annoncé que ce camp passerait sous l'autorité de l'Etat.

"Un poste de l'armée et une gendarmerie seront installés à l'intérieur du camp en vue d'imposer la loi et protéger les Palestiniens", souligne M. Sayegh.

Une base maritime sera également édifiée face au camp situé sur le front de mer "pour empêcher la contrebande", précise-t-il. Selon le responsable, les armes parvenues aux mains du Fatah al-Islam l'ont été en grande partie par voie maritime.

Pour consacrer sa souveraineté, l'Etat compte s'approprier le territoire du camp en vertu d'une loi promulguée en 2008 après avoir remboursé ses propriétaires libanais.

Rasé lors des combats entre l'armée libanaise et des islamistes en 2007, le camp palestinien de Nahr al-Bared va entamer un long processus de reconstruction qui devrait le transformer en camp "modèle" et le placer pour la première fois sous l'autorité de l'Etat.
"La reconstruction sera lancée dans deux semaines et doit durer environ trois ans", affirme...